Incendies : les feux « fixés » à Marseille et Narbonne résonnent comme un avertissement

À Marseille comme à Narbonne, les incendies qui ont ravagé des centaines d’hectares sont désormais fixés mais résonnent comme un avertissement alors que l’été ne fait que commencer. Du côté de la cité phocéenne, la préfecture des Bouches-du-Rhône a souligné, mercredi en fin d’après-midi, que cela signifiait que le feu, qui a parcouru 750 hectares et touché le nord de la ville, « n’évolue plus » mais non que « les interventions sont terminées ».

Il aura fallu près de 30 heures aux plus de 1 000 pompiers mobilisés au plus fort de l’opération pour stopper la progression des flammes, attisée par la longue canicule des derniers jours et un mistral violent. L’incendie qui s’est déclenché mardi 8 juillet en fin de matinée et a été causé par « un véhicule qui s’est enflammé en roulant » sur l’autoroute A55, comme l’a indiqué à l’AFP le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, a « impacté », 94 habitations des Pennes-Mirabeau et de Marseille, dont 76 sont « non habitables », selon la préfecture.

Plus de 1 000 pompiers mobilisés

Au total, 400 personnes ont été évacuées en raison de l’incendie, dont les 71 résidents d’un Ehpad aux Pennes-Mirabeau. Parmi elles, 250 personnes ont rejoint les différents centres d’hébergement mis à disposition par la mairie. Mais, malgré la violence et la rapidité des flammes, aucune victime humaine n’a été signalée jusqu’à présent. Quelque 79 personnes ont été traitées par les secours (dont 16 transportées vers un centre hospitalier), ainsi que 77 pompiers et membres des forces de l’ordre (9 pris en charge en centre hospitalier), selon la préfecture. Quant au trafic, un temps interrompu à l’aéroport d’Aix-Marseille Provence, il a pu reprendre tout comme ceux des autoroutes et des trains.

À plus de 250 km de là, le feu a également été fixé, dans la soirée de mercredi, à Narbonne. Déclaré lundi, il a parcouru 2 100 ha de végétation, a indiqué la préfecture. « Le traitement de points chauds résiduels est en cours, notamment par largages d’hélicoptères bombardiers d’eau », ajoutent les services de l’État dans un communiqué.

Des milliers d’habitants de Narbonne et des communes voisines de Bages et Peyriac-de-Mer avaient été appelés à se confiner lundi après-midi quand l’incendie s’est déclaré tout près de cette communauté d’agglomération. Là encore, plus de 1 000 pompiers et de nombreux moyens aériens ont été mobilisés au plus fort du brasier. Les dégâts se résument à la destruction de trois habitations et d’une grange, trois autres structures endommagées et quelques véhicules touchés, a détaillé la préfecture tandis que les dernières mesures de confinement ont été levées mardi soir.

Dans l’Hérault et le Gard, les incendies de Castelnau-de-Guers et Montdardier ont eux aussi été déclarés « fixés » mercredi après avoir parcouru respectivement 400 hectares et 430 hectares, selon les pompiers.

Alertes sur le sous-équipement et les sous-effectifs

La multiplication de ces feux suscite l’inquiétude alors que le mois de juin a été le plus chaud jamais enregistré en Europe de l’ouest, selon l’observatoire Copernicus. « Il y a tout lieu de penser qu’on va vers un été à haut risque », a d’ailleurs déclaré le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, faisant mine de prendre la menace au sérieux.

Et pourtant, comme tous les ans pompiers et sauveteurs alertent sur le sous-équipement et les sous-effectifs tandis que la promesse de Macron de renouveler les 12 canadairs à leur disposition et de porter leur nombre à 16 est sans cesse repoussée.

« Pour l’instant, seuls deux avions ont été commandés. En outre, la chaîne de production vient juste de redémarrer après dix ans d’arrêt. On est donc loin du compte. Le renouvellement de la sécurité civile n’a pas eu lieu », résume dans nos colonnes Sébastien Delavoux, animateur CGT-Sdis, qui évalue en outre le manque de professionnels « au bas mot à 10 000 ». En cause : les difficultés de production pour ce qui est du matériel, certes, mais aussi les coupes budgétaires.

Quant à la lutte contre le réchauffement climatique qui conduit à des incendies toujours plus précoces et intenses, les reculs de ces dernières semaines montrent ce qu’il en est pour l’exécutif…