Au Liban, un plan de démilitarisation du Hezbollah examiné par le gouvernement

Le gouvernement libanais doit examiner vendredi 5 septembre un plan de l'armée en vue d'un désarmement du Hezbollah, auquel s'oppose le mouvement pro-iranien en accusant les autorités de faire le jeu d'Israël et des États-Unis.

En août, sous la forte pression des États-Unis et la crainte d'une intensification des raids israéliens au Liban, le gouvernement de Nawaf Salam a ordonné à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah d'ici fin 2025.

La réunion du gouvernement sera présidée par le chef de l'État Joseph Aoun, selon une source officielle.

Al-Akhbar, un quotidien pro-Hezbollah, a indiqué que les ministres de ce mouvement et de son allié Amal, qui s'étaient retirés en août de la dernière réunion du gouvernement en signe de protestation, pourraient refuser de discuter du plan.

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"Une armée, un État"

Le président du Parlement et chef du mouvement Amal, Nabih Berri, a appelé dimanche à un "dialogue calme et consensuel".

Fadi Makki, le seul ministre chiite non affilié au Hezbollah ou à Amal, a déclaré à l'AFP qu'il n'y avait "pas encore de détails" sur le plan qui doit être présenté selon lui en début d'après-midi.

Si le gouvernement procède à un vote et approuve le plan, David Wood, analyste à l'International Crisis Group, estime que le Hezbollah pourrait "faire pression sur les ministres chiites pour qu'ils démissionnent" ou "tenter d'organiser des manifestations massives".

Des partisans chiites libanais du Hezbollah participent à une cérémonie au plus fort de l'Achoura, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 6 juillet 2025.
Des partisans chiites libanais du Hezbollah participent à une cérémonie au plus fort de l'Achoura, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 6 juillet 2025. © Anwar Amro, AFP

Avant la réunion, des panneaux représentant Nawaf Salam et Joseph Aoun ont été placardés dans des rues de Beyrouth avec la légende : "Nous sommes tous avec vous. Une armée (...) un État. Une nouvelle ère pour le Liban".

Le Hezbollah est la seule faction à avoir conservé ses armes au sortir de la guerre civile au Liban (1975-1990). Après avoir dominé la vie politique au Liban pendant de nombreuses années, il est sorti très affaibli d'un conflit de plus d'un an contre Israël, dont deux mois de guerre ouverte de septembre à novembre 2024. Une partie de son arsenal a été détruite et sa direction décimée.

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Le gouvernement affirme que son désarmement est prévu dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement chiite, négocié par les États-Unis et entré en vigueur le 27 novembre 2024.

L'accord est basé sur une résolution de l'ONU stipulant que le port d'armes est réservé aux forces de sécurité et à l'armée libanaises.

"Sous le diktat américano-israélien"

Il prévoit aussi que seules l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU soient déployés dans le sud du pays, à la frontière avec Israël, y excluant la présence à la fois du Hezbollah et de l'armée israélienne.

Mais celle-ci maintient toujours des troupes dans cinq positions jugées stratégiques dans le sud du Liban et mène régulièrement des frappes principalement contre des sites et des cadres du Hezbollah.

Ces frappes se sont intensifiées ces deux derniers jours, faisant au moins cinq morts, selon des sources officielles libanaises.

Tout en condamnant les frappes israéliennes, les autorités libanaises insistent sur un désarmement du Hezbollah, fondé et financé par l'Iran, ennemi juré d'Israël.

Le dirigeant chiite libanais du Hezbollah, Naïm Qassem, lors d'une cérémonie, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 25 août 2025.
Le dirigeant chiite libanais du Hezbollah, Naïm Qassem, lors d'une cérémonie, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 25 août 2025. © Anwar Amro, AFP

Mercredi, le mouvement a réitéré son refus de désarmer. Son chef Naïm Qassem a appelé fin août le gouvernement à revenir sur ce "péché" pris selon lui "sous le diktat américano-israélien".

Le Hezbollah conditionne toute discussion sur ses armes à un retrait israélien du sud du Liban, à l'arrêt des frappes israéliennes, à la libération de prisonniers et au lancement de la reconstruction.

Avec AFP