REPORTAGE. "Elle va surtout bénéficier aux riches" : ces habitants de Washington taclent déjà la "belle et grande loi" de Donald Trump
C'est une victoire majeure pour Donald Trump en matière de politique interne. Le Congrès a voté jeudi 3 juillet sa nouvelle loi budgétaire, après plusieurs heures de débat et un vote très serré à la Chambre des représentants. Le "One Big Beautiful Bill", c'est son nom, prévoit d'étendre des crédits d'impôts, de détaxer les heures supplémentaires ou encore les pourboires pour les employés de la restauration.
Une loi qui devrait creuser le déficit du pays (de plus de 3 000 milliards de dollars) et profiter en fait surtout aux plus riches, selon ses opposants. D'autant que pour compenser cela, l'administration annonce de nouvelles coupes budgétaires, notamment dans le programme Medicaid, qui permet à des millions d'Américains aux revenus modestes d'avoir une assurance santé. Des Américains qui, d'après les sondages, étaient en grande majorité opposés à cette loi.
D'abord, il y a le titre de cette loi martelée en permanence par Donald Trump. Et cela exaspère Joelle, une démocrate de Washington.
"Cela prouve à quel point ce n'est pas une personne avec un QI très élevé"
Joelle, habitante de Washingtonà franceinfo
Sean, son voisin, en train de promener son chien, se joint à la conversation : "Ce n'est pas une 'grande et belle loi', elle va bénéficier aux riches surtout avec les réductions d'impôts, mais il y a plein d'autres choses qui vont faire souffrir les gens", tranche-t-il.
"Des personnes vont mourir"
Très remonté lui aussi contre Trump et cette loi qui prévoit de nouvelles coupes dans le budget de Medicaid, ce programme qui permet à des millions d'Américains aux revenus modestes de bénéficier d'une couverture santé. La loi va toucher "surtout les gens qui ont besoin de Medicaid et d'autres aides du gouvernement. Ils ne s'imaginaient pas ce qu'il va leur tomber dessus. Des personnes vont mourir !", déplore Joelle.
Mais le président américain, lui, assure que tous les Américains vont devenir plus riches grâce à son texte. Même Sam, serveuse dans un bar, est sceptique, elle touche dix dollars de l'heure, en partie grâce aux pourboires des clients, des pourboires que Donald Trump veut détaxer. "Est-ce que j'aimerais ne pas payer d'impôts sur mes pourboires ? Absolument, affirme-t-elle. En même temps, ça ne me dérange pas de payer des impôts tant que cet argent permet d'améliorer la situation du pays et le sort de tous les travailleurs, au lieu qu'il aille dans les mains de millionnaires, d'entreprises et de Donald Trump."
Et comme souvent, quand elle voit les décisions prises par le président depuis son retour à la maison blanche, Joelle a du mal à ne pas en vouloir à celles et ceux qui laissent faire, politiciens et électeurs républicains compris. "Est-ce que je suis en colère contre eux ? Oui ! Et j'en ai dans ma famille", lâche-t-elle.
Mais elle en veut aussi un peu aussi à son propre camp, les démocrates, qui devrait davantage se mobiliser selon elle. "Je sais, je sais, je n’arrête pas de dire qu'on devrait faire comme en Europe, des grèves générales." Mais même avec ça, admet Joelle, on n'arrêterait pas Donald Trump.