Le réchauffement climatique, une menace pour nos forêts

Les rapports et autres études se multiplient et convergent pour décrire une évolution préoccupante de l’état de forêts en France, en Europe et dans le monde. Le recours à l’agroforesterie consistant à planter des rangées d’arbres dans les plaines céréalières et dans les prairies est trop peu pratiqué, alors qu’elle pourrait contribuer à inverser la tendance.

Nous avons, dans un précédent article, fait état des préconisations de l’Office National des Forêts (ONF) sur les précautions à prendre au moment d’effectuer une randonnée à l’ombre des arbres. Ces recommandations nous sont rappelées alors que le Fonds mondial pour la nature (WWF) écrit dans une étude que « les futurs choix politiques seront déterminants. Selon les décisions prises, les paysages forestiers pourraient radicalement évoluer d’ici 2100 en bien comme en mal, aussi bien en matière de paysages que d’écosystèmes ou d’économie ».

En France, les forêts occupent actuellement 32 % du territoire national, soit environ 17,5 millions d’hectares. Mais la multiplication des incendies pourrait faire décroître sensiblement ce chiffre d’ici 2100. Dans le monde, près de 12 millions d’hectares de forêt ont brûlé durant la seule année 2023. Selon le WWF, 119 millions d’hectares de forêts sont partis en fumée entre 2001 et 2023, les années les plus terribles étant 2020, 2021 et 2023. Aux États-Unis et au Canada, les forêts de conifères des zones tempérées ont souvent brûlé, tout comme celles des forêts boréales en Russie.

Les ravages du scolyte sur les plantations d’épicéas

Mais les incendies ne sont pas la seule cause du dépérissement des forêts. En France, l’ONF indique que les plantations d’épicéas ne cessent de dépérir du fait de la présence de plus en plus massive du scolyte, un tout petit insecte dont la femelle

creuse des galeries sous l’écorce des arbres pour y déposer ses œufs. Cela perturbe la circulation de la sève et rend la forêt de moins en moins verte et donc, de moins en moins efficace dans le stockage du carbone. Dans la région du Grand-Est, 1,8 million de mètres cubes d’épicéas, normalement utilisés en charpente et en menuiserie, ont été déclassés en 2020, suite aux dégâts causés par cet insecte.

Selon une évaluation commune de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et du Muséum national d’histoire naturelle conduite sur19 écosystèmes montagneux en France, au moins 10 d’entre eux sont menacés de dépérissement à cause du changement climatique. Cette évaluation indique que le changement climatique en cours va aggraver la situation « car un même type d’écosystème forestier peut être différent d’un endroit à un autre, et, selon les contextes, les pressions sont indépendantes ou constituent un ensemble dont il est difficile de prédire les effets sur le fonctionnement des écosystèmes des forêts en montagne et leur risque de disparition ».

Publié le mardi 15 avril le bilan de l’observatoire européen du climat Copernicus montre que le continent européen se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, laquelle intègre les océans dans son calcul global. Une partie de l’Arctique se trouve en Europe et le mercure grimpe aussi plus vite dans cette zone. Interrogé mardi soir sur France Info à propos de ce phénomène, Jean Jouzel, climatologue et ancien membre du GIEC, a expliqué que cette accélération vient de la fonte des glaciers. En effet, plus les volumes de glace diminuent pour devenir de l’eau, plus la température augmente logiquement.

L’arbre est un intrant, pas un intrus

Alors que la population mondiale pourrait atteindre dix milliards de personnes d’ici la fin du siècle, replanter des massifs forestiers ne sera pas simple dans les prochaines décennies. Dans l’Union européenne, sur les plaines céréalières comme dans les zones bocagères qui pratiquent l’élevage à l’herbe, ce que l’on nomme l’agroforesterie sera la meilleure solution. En France, quelques paysans pionniers ont planté des rangées d’arbres sur leurs terres agricoles à raison d’une cinquantaine de troncs par hectare.

Cette pratique ne fait pas chuter les rendements dans les champs de céréales et les arbres qui s’enracinent profondément ne sont pas en concurrence avec les cultures annuelles. Ces dernières récupèrent les fertilisants et l’eau de pluie avant que cette dernière ne s’enfonce plus profondément dans le sol. Se donner un objectif annuel de plantation de 4 % de la superficie agricole des pays membres de l’Union européenne et subventionner la culture des nouveaux plants et leur transfert dans les champs cultivés et les prairies contribuerait à tendre vers la neutralité carbone, promise pour 2050 par la Commission européenne alors que ses orientations actuelles nous en éloignent.

Sur la commune de Noihan, dans le Gers, Jack Delozzo a planté du chêne, du frêne, du tilleul et du noyer. Ce dernier lui fournira bientôt des noix pour la vente à la ferme avec d’autres produits. Selon ce paysan particulièrement innovant face au changement climatique, « les projets en agroforesterie sont encore timides car beaucoup d’agriculteurs ne mesurent pas l’utilité de l’arbre. On le voit souvent comme un obstacle pour le travail du sol, pour les outils en général. Moi j’estime que l’on fait un meilleur travail sur un espace plus réduit grâce à l’agroforesterie. On stocke du carbone et j’aime dire que l’arbre n’est pas un intrus, mais qu’il devient un intrant ».

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