TEMOIGNAGES. "On va tous se faire tuer" : dans la région syrienne de Soueïda, des combats toujours aussi meurtriers, malgré l'annonce d'un cessez-le-feu

La voix tremblotante, l'homme ne sait "pas par quoi commencer" pour décrire "toutes les horreurs" qu'il découvre autour de lui, mètre après mètre. "Les odeurs envahissent toutes les rues. Il est impossible de passer dans une rue sans sentir l'odeur des corps carbonisés ou celle du sang", raconte sous le choc cet habitant de Soueïda, dans le sud de la Syrie. "La situation est extrêmement grave, très, très, très grave. La réalité est vraiment déplorable, c'est de la destruction." "Nous avons besoin d'une véritable intervention humanitaire", implore ce membre de la minorité druze en concluant le message vocal qu'il a transmis à franceinfo, samedi 19 juillet.

Malgré l'annonce d'un cessez-le-feu "immédiat", les combats qui opposent depuis sept jours des factions druzes et des combattants bédouins continuent dans la ville de Soueïda. En une semaine, les violences intercommunautaires ont déjà fait plus de 900 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

"C'est un siège, faites quelque chose"

Alors que le pouvoir syrien a appelé "toutes les parties à respecter" la trêve qu'il a proclamée, une autre habitante druze de Soueïda assure que ce cessez-le-feu n'est pas respecté. "Tout autour de moi, toutes les maisons ont été brûlées. On n'a pas de nourriture, pas d'eau. Les communications sont coupées : pas internet, pas de téléphone, rien. C'est un siège, faites quelque chose, on va tous se faire tuer"décrit-elle dans un autre enregistrement sonore. 

Dans un quartier de la ville, des combattants tribaux, certains au visage masqué, tirent avec des armes automatiques en direction de leurs adversaires, selon des images de l'AFP. Des colonnes de fumée s'élèvent au-dessus du chef-lieu de la province du même nom.

Plus loin, des membres de tribus tirent en l'air, d'autres circulent à bord de camionnettes ou de scooters. A côté, un véhicule endommagé et un immeuble noirci par les flammes témoignent des violences. Certains habitants ne sont pas sortis de chez eux depuis le début des violences il y a une semaine.