Le Groupe Bernard Hayot visé par une enquête de la HATVP pour son lobbying non-déclaré auprès du gouvernement
Le groupe Bernard Hayot (GBH) ne cesse d’être épinglé pour ses pratiques illégales. Accusé d’asseoir sa position hégémonique en Outre-mer en cachant son chiffre d’affaires et ses opérations, le groupe industriel est dorénavant dans le viseur de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), annonce le quotidien Libération.
Cette dernière soupçonne GBH – décrié pour ses marges exorbitantes – d’avoir participé « activement à l’élaboration des politiques concernant les territoires ultramarins », accuse l’ONG Transparency International France, à l’origine de la saisine ayant amené à l’ouverture d’une enquête fin février.
« Cela n’a rien à voir avec du lobbying »
Le groupe Bernard Hayot est ainsi soupçonné d’avoir maintenu un lobbying actif auprès de personnalités politiques. Par exemple avec Jean-François Carenco, ministre des Outre-mer de 2022 à 2023, qui aurait « rencontré huit fois en à peine un an le fondateur de GBH, Bernard Hayot », résume Libération.
« Cela n’a rien à voir avec du lobbying, s’est défendu le principal intéressé. Bernard Hayot n’a jamais eu la moindre influence sur aucune de mes décisions. Un bon ministre n’a pas besoin de lobbies. » Transparency International France pointe aussi une rencontre entre le député de la Réunion (LFI-NFP) Jean-Hugues Ratenon et le directeur général du groupe Hayot, Stéphane Hayot en 2020. Un rendez-vous organisé à l’occasion du rachat de l’enseigne de grande distribution Vindémia par GBH.
« Il ne m’a pas convaincu du bien-fondé de cette opération, qui ne faisait que renforcer l’hégémonie du groupe dans la grande distribution à la Réunion », a justifié Jean-Hugues Ratenon auprès de Libération. Il en va de même pour les ministres des Outre-mer Yves Jégo (UDI, de 2008 à 2009) et Victorin Lurel (PS, de 2012 à 2014), comme l’Élysée et Matignon, qui ont tous eu des contacts réguliers avec des représentants du groupe Bernard Hayot. Notamment celui qui a donné son nom à l’entreprise, comme l’a confirmé Victorin Lurel : « On le voit peu, mais il est partout. C’est lui le vrai patron. »
Transparency International France et le quotidien rappellent enfin que GBH profite de sa position hégémonique en Outre-mer pour servir d’interlocuteur inévitable. De même, cette configuration oblige le groupe à s’appuyer sur la Fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom), une instance composée d’organisations (Medef territoriaux, chambres de métier) et d’entreprises… comme Total, Vinci, Suez, CMA CGM.
« La position dominante du groupe dans des secteurs stratégiques comme la distribution et l’alimentaire, et l’éloignement géographique des territoires ultramarins, exige de s’appuyer sur des relais locaux en métropole ou à Bruxelles pour défendre ses intérêts », résume l’enquête de Libération. Des relais locaux dont l’influence permet à GBH de peser sur les instances politiques française et européenne.
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