Œufs ukrainiens : trois questions sur les importations dénoncées par les producteurs français
La ministre de l'agriculture a appelé, vendredi 29 août, à renforcer les contrôles sur les œufs importés en France. Annie Genevard répond ainsi à l'alerte lancée par l'interprofession des producteurs (CNPO) qui disaient avoir repéré la présence dans certains supermarchés français de plusieurs centaines de milliers d'œufs non conformes aux normes européennes. Selon le CNPO, ces produits ne respectent pas les règles sanitaires et de bien-être animal.
1 La France importe-t-elle beaucoup d'œufs ukrainiens ?
Non. La France, premier pays producteur d'œufs en France (15,4 milliards en 2024), consomme avant tout sa propre production. Et ces deux dernières années, les importations ukrainiennes ont baissé. Sur les cinq premiers mois de 2025, 13 tonnes d'œufs ont été importées d'Ukraine. Ce qui représente, selon les chiffres des douanes françaises, seulement un centième des œufs consommés par l'ensemble de la population française en une journée.
À l'échelle de l'Union européenne, les importations ukrainiennes sont en augmentation depuis le début de la guerre en Ukraine. Kiev a été exempté de droits de douane sur les produits agricoles, ce qui lui a permis de devenir le premier pays importateur d'œufs dans l'UE. En 2024, 75 000 tonnes d'œufs ukrainiens ont été importées sur le territoire européen, soit dix fois plus qu'en 2022. Mais en valeur absolue, cela reste très modeste. Les poules pondeuses européennes produisent 6,7 millions de tonnes d'œufs par an.
2 Les supermarchés peuvent-ils commercialiser des œufs non conformes aux normes européennes ?
Oui. Certaines boîtes d'œufs présentent la mention "non conforme aux règles de l'UE". Cela fait uniquement référence aux conditions d'élevage des poules pondeuses. Comme l'indique le règlement européen sur les œufs, les œufs importés ne sont pas soumis aux mêmes obligations que les oeufs produits au sein de l'Union européenne. Les éleveurs des pays tiers ne sont pas obligés, par exemple, de respecter les règles de taille de cage, de densité dans les poulaillers ou de déplacement des poules. Les éleveurs des pays membres, eux, se doivent de respecter l'ensemble de ces critères censés garantir le bien-être animal.
En revanche, les normes phytosanitaires, c'est à dire les règles protégeant la santé des consommateurs, elles, s'imposent à tous les producteurs d'oeufs, qu'ils soient domiciliés dans l'UE comme dans un pays tiers. La France, comme tous les Etats membres de l'Union européenne, doit par exemple s'assurer que tous les oeufs commercialisés sur son sol ne dépassent un certain seuil de résidus d'antibiotiques. Ces traces de traitements administrés aux poules pondeuses. Certains antibiotiques, jugés trop nocifs pour la santé humaine, sont totalement interdits dans l'UE.
3 Comment sont réalisés les contrôles ?
Les autorités sanitaires réalisent des prélèvements sur les oeufs afin de vérifier les niveaux de résidu. Ces deux derniers mois, des traces d'antibiotique interdit dans l'UE ont été détectés en Pologne et en Slovaquie sur des oeufs en provenance d'Ukraine. D'après les données du système d'alerte de l'Union européenne, les oeufs ont été détruits. Ce sont ces alertes qui ont poussé l'interprofession des oeufs en France à surveiller les rayons des supermarchés. Comme le reconnaît à franceinfo Yves-Marie Beaudet, le président du CNPO, aucune trace d'antibiotique n'a pour le moment été retrouvé dans des oeufs commercialisés en France.