Usha Vance, épouse du vice-président J.D. Vance, dans la tourmente de la crise avec le Groenland

Le New York Times l’avait qualifiée d'«énigme politique». Longtemps identifiée comme démocrate - elle était enregistrée comme telle jusqu’en 2014 -, Usha Vance a pourtant participé à la fulgurante ascension de son époux républicain. J.D. Vance a en effet d’abord été nommé colistier de Donald Trump, avant de devenir son vice-président le 6 novembre 2024, lors de la seconde élection du magnat de l’immobilier. Et ce, entre autres, grâce à sa femme, jusqu'ici avocate en droit des affaires, qu’il a rencontrée en 2013 sur les bancs de la faculté de droit de Yale.

À l’époque, Usha Chilukuri – de son nom de jeune fille – officie comme rédactrice en chef du journal de la faculté. Cette étudiante déterminée, au profil de «leader» et de «dévoreuse de livres», comme l'affirment ses amis d'enfance et d'adolescence dans le quotidien américain, s'inscrit également à un groupe de discussion de l'université, portant sur «le déclin social dans l'Amérique rurale blanche». C'est là qu'elle fait la connaissance d'un certain J.D. Vance, lui-même impressionné par la vivacité d'esprit de sa camarade.

Une «voix féminine puissante»

«Elle a instinctivement compris les questions que je ne savais même pas encore formuler et m'a toujours encouragé à chercher des opportunités dont je ne savais pas qu'elles existaient», déclarait le nouveau bras droit de Donald Trump dans le New York Times, en 2022. Au point qu'Usha serait, à l'époque, devenue son «guide spirituel». «Je suis l'un de ces gars qui bénéficient vraiment d'avoir une voix féminine puissante sur son épaule gauche, qui lui dit : "Ne fais pas ci, fais ça"», s’enthousiasmait-il dans le podcast The Megyn Kelly Show, en 2020.

En 2014, un an après sa remise de diplôme, le couple s'unit dans le Kentucky. Il donnera naissance à Ewan, 6 ans, Vivek, 4 ans, et Mirabel, 2 ans. En 2016, J.D. Vance publie ses mémoires Hillbilly Elegy, portant sur son enfance «dans la classe ouvrière blanche de la Rust Belt postindustrielle». Un ouvrage nourri de ses échanges avec Usha. Le livre sera en outre adapté au cinéma par Ron Howard. Six ans plus tard, J.D. Vance est élu sénateur de l'Ohio.

«Intelligente, ambitieuse et pragmatique»

Usha et J.D. Vance célèbrent la nomination de ce dernier comme colistier de Donald Trump. (Milwaukee, le 15 juillet 2024.) Getty Images

De son côté, Usha Vance se fait toujours discrète. Elle s'autorise néanmoins quelques apparitions au côté de son mari, durant la campagne de 2022 - mais aussi durant celle de 2024. Elle prend aussi sa défense dans une interview accordée à Newsmax . Elle y dément l'idée selon laquelle il aurait repris à son compte un message populiste afin de se faire élire. «Parfois, les gens disent qu'il a beaucoup changé, mais la vérité, c’est que je le connais maintenant depuis tant d'années, et il a toujours été fidèle à lui-même», assurait-elle alors.

Dépeinte comme «intelligente, ambitieuse et pragmatique» par le New York Times, cette fille d'immigrés indiens, qui a grandi dans la banlieue de San Diego, a connu sa propre ascension à l'abri des meetings et flashs des photographes. La jeune femme a d'abord étudié au lycée public Mount Carmel, puis décroché une licence d'histoire à la faculté de Yale. Elle a par la suite obtenu une bourse, qui lui a permis d'étudier l'histoire moderne à la prestigieuse université de Cambridge, en Grande-Bretagne. Elle s'est, enfin, réinscrite à Yale, dont elle a intégré la faculté de droit - avant de rencontrer son futur époux.

Entre 2015 et 2017, Usha Vance officie comme avocate pour Munger, Tolles et Olson – un cabinet qui se décrit comme «radicalement progressiste». Elle travaille par la suite comme greffière à la Cour Suprême en 2018. Elle y est notamment employée par les juges John G. Roberts Jr., Brett Kavanaugh et Amul Thapar. Un an plus tard, elle retrouve Munger, Tolles et Olson, où elle s'occupe de «litiges civils complexes» dans des secteurs comme «l'enseignement supérieur, le divertissement et la technologie».

Par amour

Mais après la nomination de son époux par Donald Trump, Usha Vance annonce renoncer à ses fonctions. «À la lumière des nouvelles d'aujourd'hui, j'ai démissionné de mon poste chez Munger, Tolles & Olson pour me consacrer à ma famille, écrit-elle dans un communiqué. Je serai toujours reconnaissante pour les opportunités que j'ai eues et les excellents collègues et amis avec lesquels j'ai travaillé au fil des années.»

Un choix qu'Usha a, comme toujours, fait par amour. L'avocate déclarait en effet lors d'une interview à Fox & Friends, enregistrée le 26 juin, soit trois semaines avant la nomination de son époux : «Je ne suis pas pressée de changer quoi que ce soit à notre vie en ce moment, mais je crois en J.D., et je l'aime vraiment, nous allons donc voir ce qu'il se passe dans notre vie.» Comprenant, sans doute, que le couple était bel et bien à l'aube d'un tournant.