Entre coupes budgétaires et offensive réactionnaire, le planning familial alerte sur sa survie

« Notre Planning est en danger », alerte sans détour sa présidente, Sarah Durocher, alors que « des baisses et des coupes budgétaires » sont observées « partout sur le territoire », menaçant l’accès à ses centres. Le conseil régional des Pays de la Loire a ainsi coupé 100 % de ses subventions au Planning familial. « La région ne doit plus être un carnet de chèques ambulant », osait la présidente de région Christelle Morançais (Horizons) en février.

L’association féministe et d’éducation populaire a fait les frais de ses choix politiques. Dans le Loiret, les subventions ont été amputées de 10 %, soit 47 000 euros. Le conseil départemental de la Drôme a, lui, fermé sept centres de santé sexuelle dans son territoire et réduit de 20 % la somme allouée à l’association.

« Une crise financière »

« Lors de ma dernière permanence, nous avons accueilli trois jeunes personnes de 16 ans. Elles avaient entendu parler du Planning lors d’un cours d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars). L’une d’elles voulait accéder à une contraception. Une autre a souhaité une consultation organisée au pied levé pour des problèmes de troubles alimentaires. L’entretien a révélé des violences sexuelles », témoigne avec émotion Sarah Bloch, membre d’une antenne drômoise, tout en détaillant une journée d’écoute, d’orientation, d’information destinée à des personnes parfois isolées, vulnérables, sans moyens. Dans la Drôme, il faut désormais parcourir 50 kilomètres pour consulter dans un centre de santé sexuelle. En outre, les attaques des militants antichoix contre l’Evars ont redoublé.

Depuis des mois, le réseau associatif demande à l’État un engagement et une parole forte face à « une crise financière » que subit aussi la FNCIDFF (Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles), comme le dénonce sa directrice, Clémence Pajot : « Nous versons la prime Ségur depuis la revalorisation obtenue par nos salariés en août 2024. Mais l’État ne nous a toujours pas versé les compensations. Et la subvention de fonctionnement n’a toujours pas été versée. » Vendredi, la ministre chargée de l’égalité a assuré qu’elle débloquerait le 24 juin les 7 millions d’euros dus aux 98 CIDFF. « Si ce n’est pas fait, nous serons en cessation de paiements », prévient Clémence Pajot.

Cette situation financière inédite éclôt dans un contexte mondial inquiétant. Aux États-Unis, les droits des femmes et des minorités LGBT + reculent, avec un fort impact en Europe. En Pologne, en Italie, en Grande-Bretagne, les forces conservatrices et anti-droits gagnent du terrain. « Le Planning familial a une mission d’intérêt général, mais n’est pas un service public », rappelle Albane Gaillot, sa codirectrice.

Alors qu’une tribune parue dans le Monde le lundi 16 juin relaie ce « cri d’alarme », l’association lance aujourd’hui un appel aux dons. Face aux mouvements conservateurs et d’extrême droite financés par des milliardaires, gouvernement et parlementaires doivent surtout s’engager clairement pour les femmes et les minorités de genre, pour leur droit à disposer de leur corps, et contre les violences sexuelles.

Le journal des intelligences libres

« C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. »
Tel était « Notre but », comme l’écrivait Jean Jaurès dans le premier éditorial de l’Humanité.
120 ans plus tard, il n’a pas changé.
Grâce à vous.

Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.
Je veux en savoir plus !