Après l’attaque au couteau d’un lycéen à Nantes, l’interprétation politique de Retailleau ne se fait pas attendre

« Il faut reconstruire l’autorité », appuie Bruno Retailleau. Les mots sont répétés plusieurs fois, avec aplomb. Ce jeudi 24 avril, en fin d’après-midi, le ministre de l’Intérieur s’est rendu au lycée privé Notre-Dame-de-Toutes-Aides, à Nantes. Là où quelques heures plus tôt, un lycéen a poignardé quatre de ses camarades, causant la mort de l’une d’entre eux.

Accompagné d’Élisabeth Borne, la ministre de l’Éducation nationale, il a rendu hommage aux victimes et sans attendre, a livré son analyse politique devant la presse présente, érigeant le drame en symbole d’une « société d’ensauvagement ».

Alors que le lycéen de 15 ans a été hospitalisé après examen psychiatrique, Bruno Retailleau lâche : « Ce n’est pas un fait divers, c’est un fait de société. Nous sommes dans une société qui a encouragé le laxisme, qui a voulu déconstruire les interdits, l’autorité, l’ordre, les hiérarchies, et qui a accouché de toute cette violence. »

Une tentative de récupération politique à peine dissimulée derrière l’hommage rendu – opportunité de vendre à nouveau son projet sécuritaire et autoritaire. « Il y a des repères à rebâtir, des hiérarchies à refaire », poursuit-il.

Selon les témoignages de jeunes de son lycée, recueillis par la presse locale, l’auteur du meurtre partageait des contenus néonazis sur des messageries internet.

« Bruno Retailleau se comporte un peu comme un vautour »

Interrogée sur ces propos, Johanna Rolland, maire PS de Nantes, condamne l’instrumentalisation et la récupération de l’affaire par « certains responsables nationaux », invitant à ouvrir le sujet, plutôt, de la santé mentale des jeunes. Justin P, le mis en cause, était en effet connu par ses camarades pour être sujet à la dépression, anxieux vis-à-vis du changement climatique, et pour tenir des propos extrêmement confus et alarmants, évoquant avec admiration Hitler ou les attentats du 11 septembre.

« Bruno Retailleau se comporte un peu comme un vautour », s’indigne Manon Aubry. L’eurodéputée Insoumise a elle aussi réagi, ce vendredi matin, sur franceinfo, pointant la « difficulté à repérer dans l’enceinte scolaire les adolescents à la dérive », et soulignant le manque de moyens dans le domaine de la santé. « Quand vous voyez qu’il y a un psychologue pour 1 500 élèves dans nos établissements scolaires, on va devoir parler des coupes budgétaires et de leurs conséquences », illustre-t-elle.

Aux réactions et propositions sécuritaires du gouvernement, et alors que François Bayrou évoque la piste (coûteuse) d’une installation de portiques à l’entrée des établissements scolaires, elle répond : « Le véritable objectif, ce doit être de faire en sorte qu’il n’y ait aucun jeune qui se dise un matin : “je vais prendre un couteau et je vais m’en prendre à mes camarades”. »

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