"Echange de territoires" évoqué, Volodymyr Zelensky pas convié… Ce que l'on sait de la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine organisée vendredi en Alaska
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Ils ne se sont pas vus en personne depuis plus de six ans. Le président américain Donald Trump rencontrera son homologue russe Vladimir Poutine en Alaska (Etats-Unis) vendredi 15 août, pour tenter de trouver une issue à la guerre en Ukraine, près de trois ans et six mois après le début de l'invasion militaire russe.
Malgré de nombreux appels téléphoniques et la récente visite de l'émissaire de Donald Trump au Kremlin, le 6 août, les deux hommes ne se sont pas entretenus en tête-à-tête depuis le retour du républicain à la Maison Blanche, en janvier. Voici ce que l'on sait de cette rencontre.
Un lieu choisi avec soin
Les deux chefs d'Etat vont se rencontrer aux Etats-Unis, où Vladimir Poutine n'a pas mis les pieds depuis 2015. Si le lieu précis du sommet n'est pas encore connu, il est déjà acté qu'il se tiendra en Alaska. Ce choix géographique est "assez logique", a réagi vendredi le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, cité par les agences russes. En effet, cet Etat du nord des Etats-Unis, à cheval sur le cercle polaire arctique, est un ancien territoire russe, vendu aux Américains en 1867.
L'Alaska n'est séparé de la Russie que par le détroit de Bering, large d'environ 80 kilomètres. "La Russie et les Etats-Unis sont des voisins proches, avec une frontière commune", a d'ailleurs souligné Iouri Ouchakov. "L'Alaska et l'Arctique sont des zones où les intérêts économiques de nos deux pays se recoupent et il y a des possibilités de projets de grande ampleur mutuellement avantageux", a-t-il ajouté, en rappelant néanmoins que les discussions porteraient avant tout sur la guerre.
Le fait que ce sommet ait lieu aux Etats-Unis a son importance. En effet, la première puissance mondiale ne reconnaît pas la juridiction de la Cour pénale internationale, qui a émis en 2023 un mandat d'arrêt international à l'encontre de Vladimir Poutine, en raison de l'invasion russe de l'Ukraine.
Un sommet annoncé après l'expiration d'un ultimatum lancé par Donald Trump
Dès sa réélection, Donald Trump a promis d'obtenir la paix en Ukraine après plus de trois ans de guerre meurtrière. Mais la promesse s'est révélée difficile à tenir et sa ligne diplomatique a fluctué : après un échange très musclé dans le Bureau ovale avec Volodymyr Zelensky le 28 février, le président américain a durci le ton avec Moscou. L'annonce de cette rencontre intervient quelques heures après l'expiration vendredi d'un nouvel ultimatum. En début de semaine, Donald Trump avait menacé la Russie de nouvelles sanctions américaines, sans en préciser les contours. Mercredi, Washington a imposé des tarifs douaniers de 50% sur les produits indiens importés, en riposte aux achats de pétrole russe par l'Inde. Le même jour, l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, a été reçu par Vladimir Poutine au Kremlin.
Il s'agira de la première rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine depuis juin 2019. Les deux hommes avaient alors échangé en marge d'un sommet du G20 au Japon, lors du premier mandat du président républicain. Leur unique sommet bilatéral a eu lieu à Helsinki le 16 juillet 2018. Quant au dernier tête-à-tête entre des présidents des deux pays, il remonte à juin 2021 : Joe Biden et Vladimir Poutine s'étaient entretenus à Genève, en Suisse, moins d'un an avant l'invasion russe.
Un "échange de territoires" entre Russie et Ukraine évoqué par le président américain
Les discussions des deux présidents "se focaliseront sans aucun doute sur une discussion autour des options pour parvenir à un règlement pacifique à long terme de la crise ukrainienne", a confirmé Iouri Ouchakov. Côté américain, Donald Trump a déclaré jeudi qu'il fera "tout ce qu'[il] peut pour arrêter la tuerie". Mais à quel prix ? Vendredi, le président américain a évoqué à la Maison Blanche un possible "échange de territoires" entre l'Ukraine et la Russie dans le cadre d'un futur accord entre les deux pays, sans plus de précisions. Or, cette position, qui semble proche des demandes de Moscou, inquiète le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
En effet, la Russie réclame que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement conquises et occupées par les troupes russes (celles de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014. Ces revendications ont été rejetées à de multiples reprises par Kiev, qui demande le retrait des troupes russes de tout le territoire ukrainien et des garanties de sécurité occidentales, comme la poursuite des livraisons d'armes et le déploiement d'un contingent européen, ce à quoi s'oppose la Russie.
Un grand absent : Volodymyr Zelensky
Le président ukrainien, qui n'a pas été convié à ce sommet, a réagi samedi aux propos de Donald Trump sur un échange de territoires. "Les Ukrainiens n'abandonneront pas leur terre aux occupants", a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux. "Toute décision contre nous, toute décision prise sans l’Ukraine, serait une décision contre la paix", a-t-il prévenu.
Ukraine is ready for real decisions that can bring peace. Any decisions that are against us, any decisions that are without Ukraine, are at the same time decisions against peace. They will not achieve anything. These are stillborn decisions. They are unworkable decisions. And we… pic.twitter.com/JFg0rIeLzP
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) August 9, 2025
Le président ukrainien estime qu'une rencontre entre lui et Vladimir Poutine est une "priorité" et qu'il "est légitime que l'Ukraine participe aux négociations" concernant son avenir. Mais le locataire du Kremlin a repoussé à plusieurs reprises les demandes de rendez-vous de Kiev. Il estime que les "conditions" ne sont pas réunies pour une telle rencontre, qui selon lui n'aurait de sens qu'en phase finale des négociations de paix. Quant à Donald Trump, il a déclaré jeudi à la presse, à la Maison Blanche, qu'il ne juge pas nécessaire que les présidents russe et ukrainien s'entretiennent en amont du sommet américano-russe en Alaska.
Les discussions entre Moscou et Kiev ont à ce stade été infructueuses. Le dernier cycle de pourparlers, à Istanbul en juillet, n'a débouché que sur un nouvel échange de prisonniers et de dépouilles de soldats, sans déboucher sur une trêve des combats. Ce sommet pourrait-il déboucher sur de futurs échanges entre Vladimir Poutine et son homologue américain ? En confirmant la venue du chef d'Etat russe en Alaska le 15 août, le Kremlin a invité Donald Trump à se rendre prochainement en Russie.