Remaniement : «Pour le gouvernement, je pense qu'il faut un nouveau départ», tranche François Bayrou

Assez silencieux depuis la fin de son procès dans l’affaire des assistants parlementaires, François Bayrou a décidé de briser le silence face à la crise politique qui se dessine. Après avoir longuement répondu aux questions du «Grand Jury» RTL-Le Figaro-Paris Première-M6 dimanche, le président du MoDem est revenu ce jeudi, au micro de Sud Radio, sur le psychodrame qui a fracturé la majorité autour la loi immigration. Ce, alors que ses troupes font partie des députés qui ont mené la fronde macroniste à l'Assemblée nationale. Laquelle a entraîné l’adoption du texte droitisé par Les Républicains et soutenu par le Rassemblement national, malgré la soixantaine de voix de la majorité qui ont manqué à l’appel.

Interrogé sur la démission du ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, qui a claqué la porte avec pertes et fracas, et sur les possibles départs d’autres ministres de l’aile gauche - parmi lesquels notamment Clément Beaune (Transports), Patrice Vergriete (Logement), Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur) -, le maire centriste de Pau a évoqué l’idée d’un remaniement. «Pour le gouvernement, je pense qu'il faut un nouveau départ», a tranché cet allié historique d’Emmanuel Macron, en écho au «nouveau cap» promis mercredi par le président de la République pour le début de l’année 2024. Manière de plaider pour un changement de visage à Matignon, où Élisabeth Borne a été nommée au lendemain de la réélection du chef de l’État, en 2022.

La caution demandée aux étudiants étrangers, «le contraire de nos principes et de nos intérêts»

Considérant que «le processus d'adoption de ce texte» avait été «très insatisfaisant», mais «absolument nécessaire», François Bayrou a regretté que le parcours législatif ait été entaché d’«un accident». Le maire de Pau a fustigé la motion de rejet «scandaleuse» votée par des «oppositions (qui) ont refusé de faire le travail pour lequel elles sont élues». Si le centriste a défendu plusieurs dispositions de la loi face au risque de censure du Conseil constitutionnel, il a pris soin de préciser : «Ce n'est pas mon texte, ni celui de la majorité, ce texte est la copie de la délibération de la commission mixte paritaire», où la droite est majoritaire.

Une distinction dont le centriste a profité pour marquer ses points de désaccords avec le contenu de la loi. Il a jugé que la caution demandée aux étudiants étrangers pour venir en France était «le contraire de nos principes et de nos intérêts». Le Haut-commissaire au Plan a également considéré que la future réforme de l’AME «n’était pas seulement une erreur mais une faute», qui ne serait «pas acceptable» selon lui «du point de vue humain et du point de vue de la sécurité de la santé des Français.» Une démarche entraînée selon lui, par l’absence de «majorité absolue à l’Assemblée nationale».