Droits de douane : "Ce n’est pas un accord, il y a encore beaucoup de choses à discuter", estime la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France

"C’est plutôt un cadre d’accord qui a été discuté, ce n’est pas un accord, il y a encore beaucoup de choses à discuter", déclare mardi 29 juillet sur franceinfo Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France après l’annonce d’un deal entre l’Union européenne et les États-Unis concernant les droits de douane. Pour le représentant de la filière, "il faut prendre le temps, dans les jours qui viennent, de les discuter, de les préciser, de les négocier".

L’hypothèse d’une hausse de 15 % des droits de douane représenterait un choc immédiat pour le secteur : "Si on les ajoute à 15 % de variation du taux de change, ça fait environ 30 % de hausse de prix sur le marché américain. 30 % de hausse de prix, c’est 30 % de baisse de volume. C’est colossal. Donc, c’est effectivement quelque chose qui est peut-être en partie absorbable, mais qui est colossal en termes de conséquences". Les États-Unis constituent "un marché essentiel", selon lui. "C’est notre premier client. C’est 25 % de l’export des vins et spiritueux produits sur le sol français", souligne-t-il.

"L'Europe doit se reprendre en main" 

Gabriel Picard appelle à différencier la gestion de l’urgence et la nécessité de tirer des leçons pour l’avenir : "Il faut distinguer le temps court que l’on a à gérer en ce moment et le temps long qui sera le temps de demain. La principale erreur qu’on pourrait commettre, ce n’est pas de signer ou d’accepter un accord déséquilibré, c’est de ne pas en tirer les conséquences pour demain". Selon lui, "l’Europe doit se renforcer, doit se reprendre en main, doit effectivement avoir beaucoup plus de positionnement vis-à-vis des États-Unis, doit être capable d’assumer un rapport de force bien différent sur le plan politique d’abord, sur le plan économique, sur le plan industriel, sur le plan de la tech".

Le retour à un taux équivalent à la situation antérieure demeure l’objectif pour le secteur des spiritueux, "c'est-à-dire celle qui existe dans les spiritueux depuis 1997, à savoir un accord zéro pour zéro, ce serait pour notre filière un bon deal. S’agissant des vins, la situation est un peu plus complexe, un peu moins précise. On a quelques jours pour continuer à se battre sur le sujet".

Des conséquences "colossales"

Gabriel Picard met en garde sur les conséquences d’un rejet d’un accord, même imparfait : "Soit on accepte un accord et on essaye de l’améliorer au maximum de ce qu’il est possible avec les cartes que l’on a dans les mains, soit on ne l’accepte pas. Mais si on ne l’accepte pas, on en tire toutes les conséquences" qui "sont colossales dans notre filière". Il appelle les responsables politiques à être "raisonnables" dans leurs critiques de l'accord.

Gabriel Picard salue la position nuancée de Laurent Saint-Martin, ministre du Commerce extérieur, "qui distingue deux temps, le temps que l’on vit en ce moment que l’on doit gérer au mieux et le temps long".