Italie : ce que l’on sait de l’attentat qui a visé un journaliste de la télévision publique

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La voiture du journaliste d’investigation italien Sigfrido Ranucci a explosé, dans la nuit de jeudi à vendredi, près de son domicile à une dizaine de kilomètres au Sud de Rome. Si cet attentat n’a pas fait de victime, il a sérieusement endommagé la voiture de la fille du reporter, a annoncé le journaliste sur X, en précisant qu’une enquête est ouverte.

Et cette bombe sonne clairement comme un avertissement contre l’émission d’investigation de Sigfrido Ranucci, Report, diffusée sur la troisième chaîne de la RAI, la télévision publique italienne. Le journaliste a d’ailleurs été la cible, ces dernières années, de menaces répétées.

Le journaliste, cité par le quotidien La Republicca a annoncé qu’il allait porter plainte : « Je ne sais pas encore comment interpréter ce qui s’est passé. J’ai juste rassemblé quelques événements qui se sont produits ces derniers mois. Je ne les ai jamais rendus publics, notamment pour protéger mes proches. L’été dernier, il y a un an, on a trouvé deux balles de P38 devant chez nous. Il y a ensuite une liste de situations particulières qui se sont produites ces derniers mois, à commencer par la tentative de discrédit à mon égard. »

Auprès du journal la Corriere de la Serra, le journaliste a mis en relation cet attentat avec les annonces des sujets de ses nouvelles enquêtes, en estimant que « ce n’est pas une coïncidence ». À la mi-octobre, dans une vidéo de La Stampa, il avait déclaré qu’à partir du 26 octobre, « le dimanche, Report parlerait de l’actualité culturelle, du financement des écoles, de la recherche, des universités, ainsi que de l’actualité du secteur éolien. Nous reviendrons ensuite sur le thème des banques ». Il avait aussi parlé des enquêtes en cours pour savoir « où finissent les millions d’euros provenant des États-Unis pour financer un projet politique. (…) Nous verrons également comment et par qui a été utilisé l’argent de la Banca Progetto, qui, selon les magistrats, a également atterri entre les mains de la’Ndrangheta », la mafia calabraise.

La Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni a apporté dans un communiqué « sa pleine solidarité » à Sigfrido Ranucci et a « fermement condamné le grave acte d’intimidation ». « La liberté et l’indépendance de l’information sont des valeurs de notre démocratie auxquelles on ne peut pas renoncer et que nous continuerons à défendre. »

Le syndicat des journalistes de la Rai a été beaucoup plus catégorique, en faisant part de son inquiétude et de sa colère, sur cet « attentat effroyable qui nous ramène aux années les plus sombres » de l’Italie. Alors que RSF classe l’Italie, dans son bilan 2025 sur la liberté de la presse, à la 49e place, le syndicat note avoir dénoncé, ces derniers mois, « la réduction de l’espace accordé à Report par la Rai et surtout le climat de haine et d’intolérance à l’égard des enquêtes de la rédaction ». Et d’ajouter qu‘« en prime time sur Rai1, le numéro deux de l’État est même allé jusqu’à qualifier les collègues de Report de « calomniateurs en série », sans que ni le présentateur ni la chaîne ne prennent leurs distances ». Ils exigent que « cette campagne de haine contre le journalisme d’investigation doit cesser ».

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