Nommer les choses en Israël ne relève pas forcément de l’évidence. David Grossman le sait. L’écrivain – qui hésitait jusqu’alors à s’emparer du vocable – estime qu’un « génocide » est bel et bien à l’œuvre dans la bande de Gaza. Dans une interview au quotidien italien la Repubblica, l’auteur, qui dénonçait dans son premier livre, le Vent jaune (1987), l’humiliation quotidienne et la violence infligées par l’armée d’occupation dans les territoires palestiniens, assure désormais employer le mot de « génocide » en conscience, « avec une immense douleur et le cœur brisé ».
« Nous avons succombé à la puissance née de notre pouvoir absolu »
Plusieurs fois récompensé pour son travail, David Grossman poursuit : « Comment en sommes-nous arrivés à être accusés de génocide ? Le simple fait de prononcer ce mot – « génocide » – en référence à Israël, au peuple juif, le simple fait que cette association puisse même être faite, devrait suffire à nous faire comprendre que quelque chose de très grave nous arrive. » Cette déclaration est d’importance dans le contexte israélien où la majorité des médias délivrent une information partielle et partiale sur Gaza.
La reconstitution d’un « camp de la paix » solide n’est pas non plus à l’ordre du jour. Après les rapports des ONG B’Tselem et Physicians for Human Rights, publiés la semaine passée, sur la politique intentionnelle de destruction de la société palestinienne par le gouvernement israélien, David Grossman estime que la victoire inattendue de Tel-Aviv lors de la guerre des Six-Jours en 1967 a fait naître une forme de syndrome d’hubris : « Nous sommes devenus puissants sur le plan militaire et nous avons succombé à la tentation née de notre pouvoir absolu et à l’idée que nous pouvons tout faire », conclut-il.
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