Cessez-le-feu à Gaza : qui sont les 1 968 prisonniers palestiniens libérés après le retour des otages israéliens ?

Après les otages israéliens, les prisonniers palestiniens. En vertu de l'accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et après la libération des 20 derniers otages vivants du 7-Octobre, les autorités israéliennes ont relâché 1 968 prisonniers palestiniens, lundi 13 octobre. Au total, 38 bus ont été affrétés pour organiser le transfert de ces détenus vers la bande de Gaza ainsi que vers la Cisjordanie occupée, selon le Bureau palestinien d'information sur les prisonniers. Les premiers libérés ont été accueillis par une foule en liesse à Ramallah, en Cisjordanie occupée, mais aussi à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Samedi, l'administration pénitentiaire israélienne avait annoncé le rassemblement de ces "prisonniers relevant de la sécurité nationale" dans deux prisons, celle d'Ofer (en Cisjordanie occupée) et de Ktziot (dans le sud d'Israël). Deux listes de détenus ont été dressées par l'Etat hébreu et relayées par la partie palestinienne. La première mentionne les noms de 1 718 Gazaouis arrêtés durant les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ces deux dernières années. Sur l'autre liste figurent 250 prisonniers palestiniens arrêtés bien avant cette offensive, à Gaza comme en Cisjordanie, et condamnés à des peines longues, souvent pour terrorisme.

Des prisonniers gazaouis âgés de 16 à 76 ans

Selon le Bureau palestinien d'information sur les prisonniers, qui a publié les deux listes lundi matin sur son site, l'immense majorité des 1 718 Palestiniens libérables sont des hommes, surtout originaires des gouvernorats de Jabalia et de Khan Younès. Le plus jeune est âgé de 16 ans, et le plus âgé a 76 ans. Six prisonniers de cette liste sont mineurs, et une trentaine d'autres sont âgés de plus de 60 ans. Seules deux femmes, de 37 et 70 ans, figurent sur cette liste, qui ne précise pas les motifs de leur arrestation par les soldats de Tsahal.

Si ces Gazaouis ont été détenus aussi longtemps en Israël, c'est en vertu de nouvelles lois adoptées au début de la guerre entre l'Etat hébreu et le Hamas, autorisant la détention de "combattants illégaux" de façon prolongée, sans aucun contrôle judiciaire ni accès à un avocat. En juillet 2024, l'ONU avait dénoncé des cas de "torture et mauvais traitements" à l'encontre de ces détenus. Lundi midi, plusieurs prisonniers palestiniens sortis des prisons israéliennes montraient des signes de blessures récentes, a relevé la BBC.

Selon un décompte publié en septembre par Hamoked, une ONG israélienne de défense des droits humains, environ 3 000 Palestiniens arrêtés en marge du conflit étaient détenus à cette période dans les prisons israéliennes. Au terme de la vague de libérations de ce lundi, ils seront donc encore 1 300 environ à rester incarcérés.

Plusieurs condamnés à la perpétuité parmi les autres libérés

Sur l'autre liste de 250 noms figurent des détenus condamnés à des peines de prison, la plupart pour meurtre et actes de terrorisme contre des Israéliens il y a de nombreuses années. Le plus ancien d'entre eux, Samir Abu Nimah, purgeait une peine de prison depuis près de 40 ans en lien avec une attaque au couteau et un attentat à la bombe qui avaient eu lieu en 1983 à Jaffa. D'autres étaient condamnés à la perpétuité, comme Raed Sheikh, un policier palestinien reconnu coupable en 2000 pour son rôle dans le meurtre de deux soldats israéliens dans un commissariat de Cisjordanie occupée.

Les choix des autorités israéliennes concernant cette liste ont toutefois été vivement critiqués dans le camp palestinien. Car si plusieurs condamnés à des peines très lourdes ont été désignés comme libérables, ce n'est pas le cas de figures très réclamées tels qu'Ahmed Saadat (ancien secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine) ou l'ex-cadre du Hamas Abbas al-Sayyed, tous deux condamnés pour des crimes terroristes il y a plus de vingt ans.

Malgré les demandes du Hamas, la liste n'inclut pas non plus Marwan Barghouti, ancien militant du Fatah (l'autre grand parti palestinien), souvent décrit comme un successeur potentiel du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.