TEMOIGNAGE. "Je n'y croirai que quand je le verrai" : l'émotion de cette Palestinienne, qui attend le retour de son frère emprisonné par Israël

Ce sera sans doute l'un des jours les plus longs pour les familles d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens qui attendent de revoir leurs proches. Le Hamas a commencé lundi 13 octobre à remettre les 48 derniers otages israéliens, vivants ou morts. C'est alors que pourra débuter la libération des détenus palestiniens, certains sont emprisonnés depuis de plus de 20 ans. C'est le cas de l'un des détenus, dont franceinfo a pu rencontrer la famille dans le nord de la Cisjordanie.

Dès qu'elle a appris que son frère serait libéré, Mariam s'est empressée de préparer un sac, posé dans le salon de la maison. "Des t-shirts, des chaussettes, des sous-vêtements... J'ai aussi mis du parfum, une couverture, un pantalon de jogging, liste-t-elle. Quand ils sont libérés, on ne leur donne rien. J'ai aussi mis du shampoing parce que la première chose qu'il voudra faire, c'est prendre une douche", sourit-elle.

Elle est l'une des rares à accepter de nous parler, les familles des prisonniers palestiniens ont reçu des menaces de l'armée israélienne. "Il ne faut pas parler aux médias, pas de pancarte avec sa photo, pas de drapeau, pas de rassemblement, pas de célébration...", déplore-t-elle. "Mais c'est notre droit de célébrer leur arrivée et de parler", ajoute cette élégante jeune femme sur un ton déterminé.

Des proches en liberté surveillée

Elle se prépare à une longue attente pleine d'appréhension. "Toutes les familles de prisonniers attendent ce moment, mais nous avons peur qu'à la dernière minute, ils ne suppriment des noms de la liste. Je n'y croirai que quand je le verrai et pourrai le serrer dans mes bras." Mariam redoute aussi qu'au tout dernier moment il ne soit expulsé à l'étranger. Elle a pu aller lui rendre visite en prison mais le 7-Octobre tout a changé : "Depuis le 7-Octobre jusqu'à aujourd'hui, je n'ai plus entendu le son de sa voix."

Elle rêve déjà de ce qu'ils pourront faire ensemble pour rattraper toutes ces années perdues : lui montrer la ville qui a tellement changé en 20 ans... et puis "il faut qu'il se marie", qu'il ait "des enfants". "Et on veut qu'il puisse enfin manger le pain que l'on va faire avec notre farine", glisse-t-elle. Tout en sachant qu'il sera en liberté surveillée. "Nous allons trembler dès que des militaires s'arrêteront devant notre maison, ajoute-t-elle. Nous sommes menacés à chaque instant, nous n'avons pas de sécurité."

"Toutes les familles ont peur qu'une fois libérés, leurs proches soient arrêtés de nouveau."

Mariam, frère d'un Palestinien détenu par Israël

à franceinfo

Ses yeux noirs brillent. "Nous sommes en 2025 et nous sommes toujours occupés. Nous avons le droit de défendre notre terre. Pour nous, ce sont tous des héros." Dans un coin du salon, se trouve un petit autel avec la photo de son frère et le dessin d'une carte de la Palestine surmontée d'une bougie. La "lumière de l'espoir", explique Mariam, et la crainte de voir "notre terre se consumer", alors que se multiplient les colonies illégales.