Climat : la Commission européenne dévoile son objectif pour 2040 et ouvre la porte au greenwashing standardisé

Alors que l’Europe suffoque sous un dôme de chaleur engendré par le réchauffement climatique, la Commission européenne a dévoilé ce mercredi 2 juillet, son “Objectif 2040” pour ses émissions de gaz à effet de serre et atteindre le “net zero” d’ici 2050. En théorie, peu de changements par rapport à l’année précédente : l’Union européenne maintient l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 90 % en 2040 par rapport à 1990. « Les Européens attendent de l’Europe qu’elle agisse » s’est gargarisée Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, sur X.   

Mais dans son texte, l’exécutif européen a aussi proposé dès 2036 d’autoriser les vingt-sept à prendre en compte l’acquisition de crédits carbone internationaux à hauteur du 3 % du total de leurs émissions. Vendus par les pays émettant moins de carbone que leur seuil maximal autorisé, ces crédits permettent en théorie aux mauvais élèves de financer la transition hors leurs frontières.

Ils sont ensuite pris en compte dans leurs réductions d’émissions carbone. « 3 % ce n’est pas négligeable. Ce sont potentiellement des sommes considérables qui vont être dépensées à l’étranger au lieu de financer la transition en Europe », regrette Neil Makaroff, expert au centre de réflexion Strategic Perspectives.

« Un écran de fumée »

Une mesure qui, selon de nombreuses études scientifiques, n’aurait pas de conséquences concrètes sur la réduction des émissions de CO2. Greenpeace critique, par l’intermédiaire de son responsable Thomas Gelin, dénonce une décision qui s’appuie « sur une comptabilité douteuse et sur le blanchiment de carbone à l’étranger », rappelant ensuite la « responsabilité » de l’UE dans la réduction de sa propre pollution.

Olivier Guérin, chargé de plaidoyer à Reclaim Finance, dénonce : « Un écran de fumée. Côté pile, elle annonce de nouveaux objectifs sans toutefois préciser comment les atteindre. Côté face, elle détruit méticuleusement les textes qui contribuent à aligner l’économie et la finance sur ces objectifs. »

Cette nouvelle « flexibilité » est assumée par la présidente Ursula von der Leyen, qui veut rassurer les plus critiques de l’UE et de ses ambitions climatiques, tels la Hongrie de Viktor Orbán ou l’Italie de Georgia Meloni. Pour la Commission, de trop longues négociations signifieraient empêcher l’objectif 2040 d’être approuvé avant la prochaine COP, prévue cet automne au Brésil. Celles-ci s’annoncent pourtant difficiles. Fin juin, Emmanuel Macron émettait à son tour des réserves sur certains points de la feuille de route, en demandant une plus grande prise en compte de l’énergie nucléaire.

Devant être d’abord présenté au printemps, l’objectif climat 2040 a pris quelques semaines de retard. Maintenant qu’il est dévoilé, ses différentes propositions seront discutées à la mi-juillet lors d’un Conseil de l’UE réunissant les différents ministres de la transition écologique. Avant un vote prévu le 18 septembre. si le texte est adopté, il sera ensuite transmis au Parlement européen. Un long périple institutionnel, en passe d’ouvrir la porte à un greenwashing standardisé, sous l’œil bienveillant de la Commission européenne.

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