Coupe du monde féminine de rugby : la surpuissante Angleterre défie l’épatant Canada pour un troisième sacre mondial

Programmées pour gagner et invaincues depuis trois ans, les Anglaises n'ont plus qu'une finale à jouer, samedi, à Twickenham, pour mettre la main sur leur troisième Coupe du monde. Mais les Canadiennes entendent bien endosser le rôle de trouble-fête. Sur le papier, les Red Roses sont ultra-favorites, devant les 82.000 spectateurs attendus dans le «temple du rugby», pour ce qui serait le nouveau record pour un match féminin de rugby.

Invaincues depuis la finale de la Coupe du monde 2021 (jouée en 2022, Covid oblige) et leur chute 34-31 face aux Black Ferns néo-zélandaises, à l'Eden Park d'Auckland, soit une série de 32 matches sans défaite, les Anglaises ont tout : le meilleur championnat du monde, réellement professionnel, la meilleure joueuse du monde - l'arrière Ellie Kildunne, encore deux essais en demi-finale contre les Françaises (35-17) -, et sans doute l'entraîneur le plus expérimenté, le Néo-Zélandais John Mitchell, à la tête des All Blacks au Mondial 2003 puis coach de la défense du XV de la Rose masculin en 2019.

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Six défaites en finale pour les Red Roses

Mais face aux numéros 1 mondiales, les joueuses à la feuille d'érable n'entendent pas se présenter en victimes expiatoires, après avoir déjà fait chuter en demi-finale les Black Ferns, sextuples championnes du monde et doubles tenantes du titre (34-19). Devenues numéros 2 mondiales, sans faire de bruit, les joueuses dirigées par le Français Kevin Rouet ont elles aussi de l'expérience, gagnée pour la plupart dans des clubs français ou anglais.

La demie de mêlée Justine Pelletier est triple championne de France en titre avec le Stade Bordelais, la capitaine des Maple Leafs, la centre Alex Tessier, joue à Exeter, et la serial-buteuse Sophie de Goede (58 points depuis le début de ce Mondial, un point derrière la Néo-Zélandaise Braxton Sorensen-McGee et ses neuf essais) est deuxième ligne aux Saracens. Alors certes les Canadiennes n'ont plus battu les Anglaises depuis 2016. Mais désormais elles leur tiennent tête et deux d'entre elles, la flanker Karen Paquin et la deuxième ligne Tyson Beukeboom, étaient là lors de la première finale canadienne, en 2014, déjà contre les Anglaises (défaite 21-9).

Gagner la Coupe du monde, pas seulement pour aller à la Coupe du monde

Kevin Rouet, sélectionneur français du Canada

Titrées en 1994 contre les États-Unis (38-23) et en 2014 donc, les Red Roses veulent absolument un troisième titre, après avoir perdu six autres finales, dont cinq contre les Néo-Zélandaises. Mais face au Goliath anglais, le David canadien croit clairement en ses chances d'arracher le trophée et de devenir au passage numéro 1 mondial. «Elles ont une espèce d'aura, elles sont presque intouchables depuis dix ans, mais notre but est de faire exploser cette bulle», lançait jeudi Tyson Beukeboom, la plus capée des Canadiennes.

Le rugby étant encore un sport presque amateur au Canada, la Fédération a dû faire appel à une campagne de financement participatif sur les réseaux sociaux pour financer la venue des joueuses à cette Coupe du monde. Résultat : un million de dollars canadiens rassemblés (environ 620.000 euros), en plus de la dotation officielle de 2,6 millions. Ce bonus, c'est ce qu'il nous fallait «pour gagner la Coupe du monde, pas seulement pour aller à la Coupe du monde», assurait jeudi Kevin Rouet, le sélectionneur canadien.