Guerre en Ukraine: deux régions russes et la Crimée visées par des missiles ukrainiens, selon Moscou
Le ciel s’enflamme au-dessus de la Russie et de l’Ukraine. Ce mercredi 3 janvier 2024, l'Ukraine a lancé des attaques de missiles et de drones sur deux régions russes et sur la Crimée. En dépit de ces attaques, la ministre des Sports française, Amélie Oudéa-Castéra, a déclaré que la France devait «accueillir des athlètes russes ou biélorusses qui n'ont rien fait», lors des Jeux olympiques de 2024. Varsovie appelle à équiper l'Ukraine de missiles de longue portée, face à la Russie... Le Figaro fait le point sur la situation.
Hier, les frappes russes ont fait cinq morts en Ukraine. Cette nouvelle série de frappes fait suite à la déclaration de Vladimir Poutine qui avait menacé d'«intensifier» ses bombardements, en représailles d'une attaque ukrainienne sur Belgorod samedi (25 morts), qui elle-même faisait suite à une série de frappes sur l'Ukraine un jour plus tôt (une quarantaine de morts).
Deux régions russes et la Crimée visées par des missiles ukrainiens, selon Moscou
Deux régions russes, frontalières de l'Ukraine, et la Crimée annexée par Moscou ont été visées mercredi matin et dans la nuit par des frappes ukrainiennes, ont indiqué les autorités russes, au lendemain d'un bombardement massif de Kiev par la Russie. Les responsables régionaux russes ont fait état de dégâts limités, assurant que tous les missiles ukrainiens avaient été abattus.
Comme mardi dans la journée, la ville de Belgorod et sa région éponyme ont été visées dans la nuit. Selon le ministère russe de la Défense, six projectiles ont été abattus par la défense anti-aérienne. D'après le gouverneur Viatcheslav Gladkov, aucune nouvelle victime n'a été recensée. La veille, dans une première série de frappes, une personne avait été tuée et 11 blessées, dont trois ont été hospitalisées, a-t-il résumé sur Telegram.
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Plus au nord, la région de Koursk, également frontalière de l'Ukraine, a été visée par «une attaque aérienne», a indiqué mercredi matin sur Telegram le gouverneur régional, Roman Starovoït. Des infrastructures électriques et des canalisations ont été touchées, privant de courant ou de chauffage des maisons de plusieurs villages, selon la même source. Enfin, un missile a été abattu au large de Sébastopol, a affirmé le gouverneur de cette ville de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.
Les régions russes frontalières de l'Ukraine et la Crimée sont régulièrement visées par l'armée ukrainienne. Celle de Belgorod semble particulièrement visée dans la foulée de frappes russes sur l'Ukraine. L'armée russe a tiré mardi matin 99 missiles sur Kiev, ses environs et Kharkiv, faisant cinq morts. Peu après, les frappes ukrainiennes sur Belgorod ont commencé. En fin de semaine dernière, un précédent bombardement massif russe sur la capitale ukrainienne avait déjà fait 30 morts. Une riposte ukrainienne contre Belgorod avait fait 25 morts, un bilan sans précédent en territoire russe depuis le début de l'assaut contre l'Ukraine il y a près de deux ans.
La France doit «accueillir des athlètes russes ou biélorusses qui n'ont rien fait» aux Jeux-olympiques, déclare Amélie Oudéa-Castéra
Interrogée sur le plateau des 4V de France 2 ce mercredi 3 janvier 2024, la ministre des Sports a réaffirmé que les athlètes russes et biélorusses devaient être accueillis aux Jeux olympiques de l'été prochain, mais sous bannière neutre. Il y a «un principe de non-discrimination qui doit permettre d'accueillir des athlètes russes ou biélorusses qui n'ont rien fait», a-t-elle martelé.
Vladimir Poutine a fait part de son indignation de voir les athlètes russes évoluer sous bannière neutre. «On se moque de ce qu'il pense, a répliqué Amélie Oudéa-Castéra, il y a des règles posées par le CIO.» «Il n'y aura ni hymne, ni drapeau» pour les Russes et Biélorusses, a-t-elle insisté.
Varsovie appelle à équiper l'Ukraine de missiles de longue portée, face à la Russie
Le nouveau chef de la diplomatie polonaise a appelé mercredi le monde occidental à équiper l'Ukraine de missiles de longue portée qui lui permettraient de répondre aux frappes massives russes «dans un langage que Poutine comprend».
«Nous devrions répondre au dernier assaut contre l'Ukraine dans un langage que (le président russe Vladimir) Poutine comprend: en renforçant les sanctions afin qu'il ne puisse pas fabriquer de nouvelles armes avec des composants de contrebande et en donnant à Kiev des missiles à longue portée qui lui permettront d'éliminer les sites de lancement et les centres de commandement» russes, a écrit Radoslaw Sikorski sur X (ex-Twitter), en anglais.
La Pologne compte parmi les principaux soutiens de l'Ukraine en Europe, en dépit d'un froid ces derniers mois sur fond de disputes commerciales. En poste depuis mi-décembre, au sein du nouveau gouvernement proeuropéen polonais, Sikorski s'est rendu juste avant Noël pour son premier voyage à l'étranger chez l'allié ukrainien afin de lui signifier la poursuite de l'appui de la Pologne face à Moscou. Il a, à cette occasion, appelé l'Union européenne et les États-Unis à «mobiliser» leur économie et leurs moyens de production pour armer l'Ukraine.
Kiev veut d'urgence plus d'aide militaire de la part de l'Occident
Face à la multiplication des frappes aériennes, l'Ukraine réclame de fait une aide militaire accrue à ses alliés occidentaux. Le chef de cabinet du président ukrainien, Andriy Yermak, a indiqué dans la soirée de mardi avoir discuté de ces attaques avec le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, et de «l'importance de renforcer la défense aérienne de l'Ukraine». De son côté, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a réclamé d'urgence l'accélération des livraisons occidentales de «systèmes de défense antiaérienne supplémentaires, de drones de combat» et de «missiles d'une portée de plus de 300 kilomètres». «Nous avons besoin de plus de systèmes (de défense antiaérienne, NDLR) et de munitions», a abondé le commandant en chef de l'armée ukrainienne Valery Zaloujny.
Le premier ministre britannique Rishi Sunak a assuré après ces frappes que le Royaume-Uni «continuerait de soutenir fermement l'Ukraine» en 2024, notamment via «de nouvelles livraisons» d'armes. La cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a estimé qu'«avec chaque missile, Poutine montre qu'il veut anéantir l'Ukraine». «Nous sommes aux côtés du peuple ukrainien tant qu'il a besoin de nous», a-t-elle assuré.
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Aux États-Unis, le principal soutien de l'Ukraine, les négociations patinent depuis des semaines entre Républicains et Démocrates sur la validation de l'enveloppe de 61 milliards réclamée avec insistance par Joe Biden et Volodymyr Zelensky. Près de deux ans après le début de son invasion, la Russie semble déterminée à accroître ses attaques, un moyen notamment de forcer Kiev, qui manque de munitions, à utiliser les armes livrées par les Occidentaux.
Cinq morts dans des frappes «massives» russes mardi
Hier, mardi 2 janvier 2024, la Russie poursuivait ses frappes «massives» contre l'Ukraine, tuant au moins cinq civils et blessant 130 personnes principalement à Kiev et Kharkiv, selon les autorités ukrainiennes. L'armée ukrainienne a affirmé que la Russie avait tiré tôt mardi 99 missiles. Soixante-douze ont été abattus dont 10 Kinjal hypersoniques par des systèmes de défense antiaérienne Patriot, «un record».
À Kiev, un immeuble du quartier de Solomianskiï, près du centre, a été en partie détruit. Deux personnes sont mortes et 49 autres ont été blessées, a annoncé le maire de la capitale, Vitali Klitschko. Brièvement coupée dans la matinée pour plusieurs dizaines de milliers d'Ukrainiens, l'électricité a été «complètement» rétablie à Kiev dans l'après-midi, s'est félicitée sur Telegram l'administration municipale. La deuxième ville d'Ukraine, Kharkiv, située dans le Nord-Est, non loin de la frontière russe, a de son côté été la cible d'«au moins quatre frappes», selon le gouverneur Oleg Synegoubov.
«Les trajectoires ont été spécialement calculées par l'ennemi pour causer le plus de dégâts possibles. C'est une terreur tout à fait consciente», a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son adresse quotidienne. Selon lui, la Russie a tiré près de 300 missiles et plus de 200 drones explosifs Shahed contre l'Ukraine depuis le 29 décembre. De son côté, l'armée russe a assuré n'avoir visé que des installations militaires qui ont toutes été «détruites» à l'aide de missiles de longue portée et de drones explosifs.