Ce soulèvement populaire transcende les frontières, brise le silence des régimes et rallume la flamme de la cause palestinienne dans l’imaginaire collectif.
Alors que les discours officiels s’enlisent dans l’ambiguïté ou le silence, une dynamique inédite s’élève du cœur du Maghreb : la caravane « Assoumoud ». Ni folklorique ni diplomatique, ce convoi d’hommes et de femmes libres, traversant les frontières avec des vivres, des médicaments – et surtout une volonté farouche – redonne à la solidarité arabe sa voix la plus authentique. Direction Gaza, mais au fond, c’est vers notre propre conscience collective qu’elle trace sa route.
À l’heure où les défaites assiègent l’imaginaire collectif, où la conscience arabe suffoque sous un double blocus — celui de la géographie et celui de la volonté — une initiative surgit du tréfonds des peuples pour redéfinir la dignité, raviver la mémoire, et donner aux grandes causes une voix neuve. Une voix qui ne s’épuise ni dans les communiqués de dénonciation calibrés, ni dans le silence bureaucratique des États. Cette voix, c’est celle de la Caravane de la Résilience — un geste souverain, populaire, qui traverse le Maghreb pour atteindre symboliquement le cœur battant de la Palestine. Elle ne franchit pas seulement des frontières terrestres, mais transgresse l’indifférence, le déni et la trahison feutrée de la normalisation.
Plus de 2 000 volontaires et militants, des dizaines de véhicules, cinq pays maghrébins, des médicaments, des denrées alimentaires… et surtout : des convictions. Rien de tout cela n’a été initié par des États,
mais bien par la volonté des libres. La caravane s’est mise en marche en dépit des obstacles logistiques, des attentes interminables aux frontières, du manque de moyens, et du silence gêné des officiels. Partie d’Algérie et de Tunisie, elle a pu rejoindre la Libye grâce à une décision courageuse du Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, au moment où d’autres gouvernements hésitaient — voire entravaient le passage.
Ce convoi n’est pas un simple cortège humanitaire. Il est un message en mouvement, un poème de solidarité écrit avec la sueur des bénévoles, les larmes des mères de martyrs, et les cris des peuples du Grand Maghreb. Un message clair, limpide, direct : Gaza, tu n’es pas seule.
La Caravane de la Résilience ne quémande aucune approbation, ne cherche ni accueil officiel ni couverture médiatique convenue. Elle avance portée par l’esprit de celles et ceux qui croient que la solidarité n’est pas une posture saisonnière, et que la cause palestinienne n’est ni un élan charitable, ni une diplomatie d’apparat, mais un engagement historique, moral et civilisationnel. Ce n’est ni folklore ni performance : c’est un acte de résistance contre l’amnésie politique, une tentative de préservation de la mémoire, une sauvegarde du sens profond d’être arabe à l’ère du renoncement généralisé.
Elle interpelle les régimes de front : pourquoi les peuples bougent-ils quand les États se taisent ? Pourquoi les bénévoles prennent-ils l’initiative quand les gouvernements se replient ou pactisent avec l’oppresseur ?
La caravane met à nu les contradictions du paysage arabe officiel : des régimes qui refusent le passage au nom d’une souveraineté nationale galvaudée, ou bloquent les frontières sous prétexte de « sécurité », alors
même que la véritable sécurité est piétinée chaque fois qu’un enfant est tué à Gaza, qu’une école est pulvérisée, qu’un rêve est enseveli sous les décombres.
Mais la caravane adresse aussi un message à ceux qui ont normalisé, à ceux qui ont gardé le silence, à ceux qui se retranchent derrière une neutralité hypocrite face à un génocide. Elle leur dit : il existe encore une nation debout, des peuples insoumis, des âmes indomptées.
Certains cherchent à réduire la portée de cette caravane à un symbole vide ou un geste marginal. Pourtant, c’est justement dans sa symbolique que réside sa puissance. Parce qu’elle vient du peuple, de la rue, de la conscience vive. Chaque véhicule est un manifeste roulant, chaque boîte de médicaments un acte d’accusation contre les marchands de causes, chaque kilomètre parcouru vers la frontière un défi lancé au fatalisme et à la lâcheté.
Du poste frontalier de Ras Jedir à Zaouia, Misrata, Syrte, Benghazi, Tobrouk, jusqu’au point crucial de Salloum, la caravane avance. Elle attendra, comme ont attendu les fidèles dans l’histoire. Elle affrontera des entraves ici, des pressions là-bas. Mais elle n’abandonnera pas. Car Gaza attend. Car le moment n’est pas aux discours, mais à l’action.
Quant à la position égyptienne, elle sera scrutée par l’Histoire : choisira-t-elle d’écouter la voix des peuples ou de persister dans la logique du siège aux côtés du régime sioniste ? Quelle que soit la réponse, la caravane a déjà remporté sa victoire morale : celle de forcer chacun à se regarder dans le miroir, de replacer les peuples au centre du mouvement, et non à la périphérie de la passivité.
Le régime israélien craint ces initiatives. Non pas parce qu’elles le menacent militairement, mais parce qu’elles le minent symboliquement. Elles rappellent qu’il existe encore un souffle arabe, une dignité rebelle. Elles rappellent que si le siège dure, la volonté humaine, elle, peut durer davantage.
La Caravane de la Résilience n’est pas un aboutissement, mais un commencement. Une étincelle dans la nuit du renoncement. Une démonstration concrète de ce que peuvent accomplir les peuples lorsqu’ils décident de se lever. Elle est un pont entre un Maghreb debout et un Orient meurtri. Une jonction entre les luttes anticoloniales du XXIᵉ siècle et ceux qui continuent de croire que la Palestine n’est pas l’affaire d’un autre, mais notre boussole morale et existentielle.
Dans cette caravane, le Mauritanien côtoie le Tunisien, l’Algérien marche avec le Libyen, le Maghrébin embrasse le Palestinien. Non sous l’égide d’une Ligue arabe atone, mais sous la bannière d’une nation résistante, sous un soleil qui ne se couche pas sur la dignité, à l’ombre d’un olivier qui brûle sans céder — car ses racines sont trop profondes pour être arrachées.
Conclusion : N’ayez pas peur d’être traités d’irréfléchis : l’Histoire n’a jamais retenu les prudents. N’attendez pas des visas d’humiliation : la dignité ne s’accorde pas, elle se conquiert. Et si les points de passage sont fermés, souvenez-vous : il existe toujours une route qu’ouvrent les pas de ceux qui avancent.
Avant de partir, une dernière chose…
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