D'après une étude de l'Insee datée du 4 février, près de deux Français sur cinq veulent davantage épargner cette année, par précaution. Le débat sur les retraites en est la cause. Les Français sont massivement opposés à un report de l’âge de départ à 64 ans (au lieu de 62) mis en place avec la réforme. François Bayrou avait demandé une mission flash à la Cour des comptes qui rend son arbitrage jeudi 20 février. Elle doit trancher entre un déficit estimé à 6,1 milliards par le Conseil d'orientation des retraites (Cor) et celui à 55 milliards, avancé par Matignon.
Quoi qu'il en soit, certains Français n'ont désormais guère confiance dans ce système de répartition et leur choix se porte principalement vers des placements sécurisés. Près de 11 millions de personnes ont ainsi souscrit un plan d'épargne retraite (PER), selon des chiffres donnés mardi 18 février par le ministère de l'Economie. Carine en a ouvert un via on entreprise située dans le 8e arrondissement. Cette Marseillaise travaille dans un bureau d'études en environnement et dit son manque de confiance en l’avenir sur la retraite, sur l’âge de départ et sur son montant.
“Pour avoir un taux plein, je ne sais pas trop si je dois travailler jusqu’à 70 ans. Donc l’idée, c’est de pouvoir peut-être partir, pas avec mon taux plein, mais compenser via un plan épargne.”
Carine, une salariée marseillaiseà franceinfo
Une position également adoptée par Iwona, une banquière croisée aux abords de la préfecture, dans le 6e arrondissement de Marseille. Ses clients lui en parlent "tous les jours". Trentenaire, Iwona a d’ailleurs elle-même souscrit un PER [plan d'épargne retraite] qui a d’ailleurs un avantage à court terme. "Pour moi, c’est la meilleure façon de payer moins d’impôts, dit-elle. De plus en plus, on remarque une hausse de la souscription à un PER de jeunes, à partir de la trentaine. Ils ont peur pour leur retraite", confirme-t-elle.
"Je pense, avant, à comment manger tous les mois"
Autre solution choisie il y a quelques années par Dominique, aide-soignante, l'assurance-vie : "Ça fait une petite épargne, une petite rente. Après, quand on en aura besoin, ce sera sous forme de rente ou de petit capital, mais ça ne peut pas être énorme". Yves, quant à lui, a opéré pour un combo. D'un côté, sa femme a souscrit à un plan épargne retraite et lui, ancien militaire de la Marine nationale, complète sa pension en achetant des actions de plusieurs entreprises, cotées en bourse. "J’ai eu la possibilité d’investir dans quelques entreprises françaises, mais à échelle de particulier, c’est-à-dire dérisoire. Ça va être sur du Vinci, du Total… Mais vous vous apercevez que le proverbe ‘on n’est jamais mieux servi que par soi-même’ s’applique complètement”, observe-t-il.
Tout le monde aimerait pouvoir en faire autant à l’image de Julien, professeur des écoles. Mais il est un peu juste à la fin du mois. "Je n’ai pas encore 40 ans donc la retraite, je n’y pense pas trop, avoue-t-il. Je pense déjà à comment je fais pour manger tous les mois avant de me dire comment je mets de côté pour plus tard".