Lettre de cadrage sur l'assurance-chômage : "Nous refuserons de servir de caution aux régressions sociales", réagit Sophie Binet
"La négociation, nous la défendons, mais pour aller chercher du plus pour les travailleurs, pas pour aller chercher les miettes, prévient Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, vendredi 22 août sur France Inter. Sachant que là, le patronat est tellement vorace qu'il ne nous laisse même plus les miettes. Donc, il faut arrêter de se moquer du monde."
Début août, le gouvernement a convié les partenaires sociaux à négocier sur une nouvelle réforme de l'assurance-chômage. Une lettre de cadrage leur a été envoyée. Elle fixe l'objectif d'atteindre "2 à 2,5 milliards d'euros" d'économies par an de 2026 à 2029.
Un plan jugé immédiatement "inacceptable" par la CGT. "C'est une honte, nous avons eu à subir quatre réformes de l'assurance-chômage en six ans. À ce stade, c'est une obsession pathologique. Donc, il faut que le gouvernement se soigne", ajoute Sophie Binet. Elle dénonce les précédentes réformes de l'assurance-chômage qui ont plongé "des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs dans la précarité la plus totale". La secrétaire générale de la CGT assume de ne pas vouloir participer à ces négociations car "on nous parle de dialogue social matin midi et soir mais c'est tout l'inverse, le gouvernement pratique un monologue patronal". Elle prévient : "Nous refuserons de servir de caution aux régressions sociales que veut nous imposer le gouvernement".
Le gouvernement "n'écoute que le patronat"
François Bayrou a écrit dans sa lettre accompagnant le document de travail que cette nouvelle réforme de l'assurance-chômage vise à "favoriser le retour rapide à l'emploi". Le Premier ministre assure que la France est "l'un des pays de l'Union européenne où les conditions d'indemnisation sont parmi les plus favorables" et qu'elle "présente une durée maximale d'indemnisation plus élevée que la moyenne européenne". Pour Sophie Binet, "cet argument est faux. Par exemple, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, la durée d'indemnisation est beaucoup plus longue et pour autant, les gens ne choisissent pas d'être au chômage".
"Le résultat des quatre précédentes réformes, ça a été une violence et une injustice sociale mais ça n'a pas du tout créé d'emploi."
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGTsur France Inter
Afin de faire baisser le chômage, Sophie Binet plaide "pour une politique de la demande au lieu d'avoir cette politique de l'offre qui arrose les plus grandes entreprises d'aides publiques". La CGT appelle notamment à augmenter les salaires. Mais selon elle, "pour sortir de ce dialogue de sourds" il faut "de la mobilisation et du rapport de force" car "le problème, c'est que le gouvernement n'écoute que le patronat". La secrétaire générale de la CGT assure que "l'ensemble des organisations syndicales sont déterminées à faire échouer cette réforme scandaleuse". Une intersyndicale est prévue le le 1er septembre pour débattre "d'une stratégie commune pour empêcher le gouvernement et le patronat de conduire cette politique de casse sociale".