Grève et riffs de guitare : la CGT fête ses 130 ans lors d’un concert évènement

Au-dessus de la Scène Nina Simone, la pluie a cessé de tomber pour faire face à un coin de ciel bleu crépusculaire. Samedi soir, 21 heures, les Vulves assassines entrent sur scène devant une foule électrique, sautant à l’unisson au rythme du riff de guitare. « On est là pour fêter un anniversaire ce soir ! » scande au micro l’une des artistes. Les drapeaux aux couleurs de la CGT brandis par les spectateurs s’agitent soudain : c’est leur centrale syndicale que l’on fête ce soir.

En plus des débats que ses fédérations animent au Forum social, ses stands dans les allées et les salariés syndiqués invités à débattre à l’Agora, la CGT a sorti le grand jeu pour fêter en bonne et due forme ses cent trente ans d’existence. L’apothéose aura ainsi été ce concert événement regroupant pléthore d’artistes enchaînant des chansons composées pour l’occasion et des chants de lutte revisités. La chanteuse féministe Mathilde a ainsi entonné en portugais l’hymne de la révolution des œillets, avant que Gauvain Sers entonne d’une seule voix avec le public les Corons de Pierre Bachelet.

Se réinventer face au néolibéralisme

Si les militants de la CGT ont pu le célébrer joyeusement et en musique, la Fête de l’Humanité aura aussi été le lieu de discussions sur le rôle du syndicat et sur ses formes de militantisme, cent trente ans après le congrès de Limoges qui marqua la naissance de la Confédération générale du travail.

« Quand on fête notre anniversaire, nous ne le faisons pas dans un objectif nostalgique. Constater les victoires que nous avons obtenues malgré les périodes difficiles donne de la force et de la confiance dans l’avenir », lance d’emblée la secrétaire générale, Sophie Binet, invitée à discuter de cet événement au Forum social avec Baptiste Giraud, maître de conférences en sciences politiques, et l’historien Michel Pigenet.

En plus d’un siècle d’existence, les luttes ont radicalement changé, notent les intervenants. Le temps de la grève des allumettières d’Aubervilliers, pour l’interdiction du phosphore blanc, semble bien loin. Le salariat a lui-même opéré de lourdes mutations que les syndicats ne peuvent pas ignorer. « En 1968, 50 % des travailleurs étaient salariés. ls sont 80 % aujourd’hui et sont plus souvent cadres qu’ouvriers », note ainsi Sophie Binet.

« Le patronat s’est aussi organisé pour morceler le salariat et briser les solidarités sur le lieu de travail. Sur une centrale nucléaire aujourd’hui, il peut y avoir jusqu’à 40 employeurs pour des salariés qui travaillent tous au même endroit », ajoute la secrétaire générale. Autant de transformations qui poussent la CGT à se réinventer.

Si la Fête a ainsi été un lieu de célébration, la véritable démonstration du rôle de la CGT dans la lutte sociale se fera dans la rue, le 18 septembre, à l’occasion de la journée intersyndicale de mobilisation interprofessionnelle. « Il n’y a pas de meilleur moyen de fêter notre anniversaire que dans la lutte et la rue », a martelé Sophie Binet lors de son discours d’inauguration du Forum social. Après un 10 septembre prometteur, quel meilleur cadeau d’anniversaire qu’une journée de grève concluante ?

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