Effort de 40 milliards d'euros pour le budget 2026 : la CFTC souhaite des "mesures fortes", "en particulier sur les entreprises et sur les plus hauts salaires"

Cyril Chabanier, président de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), affirme, lundi 14 avril sur franceinfo, qu'il va être "compliqué" de trouver 40 milliards d'euros supplémentaires "sans avoir quelques mesures fortes et en particulier sur les entreprises et sur les plus hauts salaires". Dimanche, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a confirmé sur France Inter et franceinfoTV l'"effort de 40 milliards" d'euros d'économies pour le budget 2026, annoncé un peu plus tôt par le ministre de l'Economie Eric Lombard, et ce afin de maintenir l'objectif de réduction du déficit à 4,6% du PIB en 2026. Elle a toutefois précisé qu'"il n'y a pas de stratégie d'augmenter les impôts des Français, des classes populaires et des classes moyennes".

Du côté de la CFTC, Cyril Chabanier affirme qu'"il va falloir s'interroger sur les 200 milliards d'aides aux entreprises versées sans aucune conditionnalité, sans aucune évaluation de leur efficacité". "On n'est pas contre les aides aux entreprises mais ça fait des mois et des mois qu'on réclame l'évaluation, un audit, parce que si on trouvait que 10% de ces aides n'étaient pas efficaces, c'est près de 20 milliards d'euros qui entrent dans les caisses", souligne le responsable syndical.

"Un record de versements de dividendes"

Sa deuxième priorité concerne les dividendes, "dans un moment où on voit que l'emploi connaît des difficultés, que les plans sociaux redémarrent" : "Je rappelle que 2024 est l'année record de versements de dividendes, avec près de 100 milliards d'euros de dividendes versés, en particulier 70 milliards rien que dans les entreprises du CAC 40. Là aussi, il y a peut-être des efforts à faire."

Cyril Chabanier abonde dans le sens du ministre de l'Économie selon qui il faut "dépenser mieux". "Ce n'est pas forcément le moment de baisser les investissements, la France a besoin de se réindustrialiser, de financer sa transition écologique, sa transition numérique, l'effort de dépense qu'on doit faire. Sur toutes ces thématiques, il faut investir fortement car ce sont des secteurs avec une forte croissance possible, donc des rentrées d'argent importantes. C'est d'ailleurs l'une des pistes qui a été évoquée : que ces 40 milliards soient trouvés au travers d'une amélioration de la croissance. En tout cas, il ne faut pas sabrer sur des secteurs en difficulté tels que l'éducation ou la santé, ce qui serait incompris par nos concitoyens", déclare le président de la CFTC.

"Revenir sur la réforme des retraites"

Autre sujet d'importance : "Ne pas toucher aux revenus moyens voire modestes, qui sont déjà beaucoup ponctionnés aujourd'hui." Selon lui, il faut également "travailler sur le taux d'emploi", notamment "améliorer l'emploi des seniors et l'emploi des jeunes".

Alors que la CFTC fait partie du conclave sur les retraites, son président assure qu'"il faut revenir sur la réforme des retraites". La proposition de la CFTC ? "Légèrement augmenter le taux de cotisation", avec une augmentation de cotisation d'environ 6 euros par salarié côté employeurs et la même chose côté salariés, modulée en fonction du salaire : cela engrangerait selon lui 10 milliards d'euros. "On veut absolument revenir sur les 64 ans", réaffirme-t-il, évoquant 62 ou 63 ans.