Déficit public : malgré des chiffres meilleurs qu'attendus, le gouvernement toujours confronté à une équation budgétaire insoluble
Un bol d'air pour l'exécutif ? En plein casse-tête autour de la construction du budget 2026, le déficit pour 2024 est plus bas que prévu. Le gouvernement misait sur 6%, il s'élève finalement à 5,8% du produit intérieur (PIB), selon l'Insee.
C'est mieux, mais on est très loin de la prévision initiale, fixée, à l'automne 2023, à 4,4%. Concrètement, un point de PIB équivaut 30 milliards d'euros. Si l'on détaille les comptes de l'État, les recettes sont meilleures que prévues, mais les dépenses accélèrent aussi, principalement après l'indexation des prestations sociales sur la forte inflation de 2023. Par exemple, les dépenses de retraites augmentent de 25 milliards d'euros.
Le déficit s'établit donc à 5,8% de déficit et "ça n'est pas une bonne nouvelle, c'est un déficit qui est trop élevé, a réagi le ministre de l'Économie, Éric Lombard, sur France Inter, jeudi. Nous parlons de souveraineté nationale, nous parlons de souveraineté européenne, à un moment où les risques sont importants. Et la souveraineté nationale, elle va aussi avec une souveraineté financière. Or, nous avons 3 300 milliards d'euros de dette. Cette année, nous allons verser à nos créanciers presque 70 milliards d'euros d'intérêts, c'est-à-dire plus que le budget de la défense."
"Tant que nous n'avons pas traité le problème du déficit et de la dette, nous sommes en risque."
Eric Lombard, ministre de l'Économiesur France Inter
Et c'est bien la défense qui vient complexifier l'équation budgétaire : le gouvernement doit trouver comment réduire le déficit, mais aussi trouver de l'argent supplémentaire pour financer l'augmentation des dépenses militaires.
Le gouvernement cherche des pistes
Cela s'annonce compliqué, selon la porte-parole du gouvernement. "Le Premier ministre veut absolument aujourd'hui que ce budget 2026, qui va être un cauchemar, tant les difficultés financières sont importantes, que [ce budget] soit partagé, travaillé avec l'ensemble des parlementaires et des forces vives qui, d'habitude, ne sont pas toujours écoutées", a indiqué Sophie Primas, sur Public Sénat.
Le gouvernement cherche donc des pistes. François Bayrou anime, le 15 avril prochain, une conférence des finances publiques pour réunir autour de la même table élus, partenaires sociaux et collectivités locales. Mais l'exécutif a peu de marges de manœuvre, le paysage politique est fragmenté, l'environnement économique sous tension accrue. Et il n'est pas question d'augmenter les impôts, précise la ministre des Comptes publics, qui s'autorise toutefois à passer en revue les quelque 400 niches fiscales, sachant qu'au-delà de cette année, l'objectif final est de ramener le déficit à 3% en 2029.