Victime de pesticide : une hausse des demandes d’indemnisation de 42,8 %

La nocivité des pesticides n’est plus à prouver. Pour preuve : le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) n’a jamais reçu autant de dossiers. Dans son rapport annuel, publié vendredi 29 août, la structure a fait les comptes : elle a enregistré 958 demandes d’indemnisation en 2024, déposées par des victimes exposées professionnellement à des produits nocifs. C’est 287 victimes de plus que l’année précédente, soit une hausse de 42,8 %.

La majorité des victimes sont des travailleurs agricoles

Mais qui sont-elles ? Le FIVP a dressé leur portrait-robot. Dans 90 % des cas, les demandeurs sont des hommes, entre 60 et 79 ans. Ils sont travailleurs agricoles, actifs ou non, et exercent en majorité dans le secteur céréalier, viticole ou maraîcher.

« La polyculture/élevage étant le secteur ayant connu la plus forte augmentation de demandes avec 119 cas supplémentaires par rapport à 2023 », précise le Fonds dans son rapport. Ces exploitants s’en remettent à lui car ils souffrent aujourd’hui de cancers de la prostate, pour la plupart, de cancers du sang et de la maladie de Parkinson.

Des demandes d’indemnisation multipliées par dix en 5 ans

Sur l’ensemble des dossiers reçus l’année dernière, 860 ont été traités par le FIVP et 752 se sont soldés par une décision en faveur d’une indemnisation. À sa création, en 2019, par la loi de financement de la Sécurité sociale, le Fonds était loin d’atteindre de tels chiffres.

L’association Phyto-Victimes, siégeant au conseil de gestion du FIVP, rappelle qu’avant son instauration, « le nombre de demandes en maladie professionnelle en lien avec une exposition aux pesticides oscillait entre 60 et 80 par an ». En l’espace de cinq ans, les demandes d’indemnisation reçues par le FIVP ont été multipliées par dix.

Des données qui ne satisfont pas complètement l’association de malades. Dans un communiqué, publié le 1er septembre sur son site internet, Phyto-Victimes salue le travail des équipes du Fonds mais déplore une « communication institutionnelle en berne » qui dessert les victimes n’ayant pas connaissance de l’existence de la structure.

En première ligne : les enfants exposés in vitro du fait de l’activité professionnelle de leur mère. En 2024, 20 dossiers les concernant ont été déposés. C’est deux fois plus que l’année passée, mais l’association « regrette l’absence de communication massive » à ce sujet.

Ne pas entraver les droits des victimes

Autre point noir sur le tableau : l’association proteste aussi contre le fait que l’information sur certaines indemnisations complémentaires, versées via une taxe sur la vente des pesticides, n’ait pas été plus relayée auprès des agriculteurs pouvant en bénéficier.

« L’absence de communication est un problème, mais l’entrave aux droits en est un autre », s’insurge-t-elle. Laurent Habert, président du conseil de gestion du FIVP, reconnaît que « des progrès sont encore à poursuivre » en la matière.

Ces derniers jours, la question des pesticides a été très médiatisée. Mercredi 3 septembre, l’État français a été condamné par la Cour administrative d’appel de Paris, qui reconnaît « le préjudice écologique résultant de l’usage des produits phytopharmaceutiques », et leurs conséquences sur la santé humaine.

En conclusion de cette affaire, la Cour exige du gouvernement qu’il revoie les autorisations de mise sur le marché de produits phytosanitaires. Une décision qui pourrait changer la donne si l’interdiction de certains pesticides se concrétise.

L’association Phyto-Victimes tient à souligner « qu’en France, de nombreuses professions sont concernées » par la dangerosité des produits phytopharmaceutiques. Environ 800 000 sont touchées : les agriculteurs, certes, mais aussi les fleuristes, les jardiniers, certains travailleurs forestiers, certains techniciens de laboratoires ou encore des agents des services de salubrité des bâtiments.

Aux côtés de celles et ceux qui luttent !

L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité

  • En exposant la violence patronale. 
  • En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire. 
  • En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie. 

Vous connaissez d’autres médias qui font ça ?  
Je veux en savoir plus !