REPORTAGE. "On ne pensait pas arriver à ce niveau-là d'un coup" : la Coordination rurale réalise une percée historique face à la FNSEA lors des élections en chambre d'agriculture

La colère agricole s'est exprimée dans les urnes. Les résultats des élections aux chambres d'agriculture ne sont pas encore définitifs mais ils sont déjà historiques. La Coordination rurale (CR) réalise une percée sans précédent. L'alliance FNSEA-JA reste toutefois majoritaire mais a perdu du terrain comme jamais. Son principal concurrent, la CR, syndicat classé à l'extrême droite et connu pour ses actions radicales, se frotte les mains.

Réunis dans un restaurant parisien, les dirigeants de la Coordination rurale sont ravis d'avoir bousculé l'hégémonie de la FNSEA. "Oui, c'est sûr que c'est inédit et que ce sont des agriculteurs qui doivent aussi être contents", se réjouit Christian Convers, secrétaire général de la CR. Son syndicat l'emporte dans 14 départements, la plupart dans le Sud-Ouest.

Le Savoyard a même du mal à y croire : "On ne pensait pas arriver à ce niveau-là d'un coup. Ça semble impossible de bouger un mastodonte comme on avait en face, qui est en place depuis 50 ans quand même. C'est David contre Goliath, aujourd'hui, c'est nous qui marquons les points."

"On a explosé un plafond de verre."

Christian Convers, secrétaire général de la CR

à franceinfo

Le résultat, selon lui, des manifestations de ces derniers mois et de la politique appliquée depuis six ans dans les trois chambres d'agriculture dirigées et conservées par la Coordination rurale dans le Lot-et-Garonne, la Vienne et la Haute-Vienne. "On n'est pas un syndicat de boutiquiers. On n'est pas là pour répondre à des intérêts syndicaux. On est là pour répondre aux attentes des agriculteurs. Et c'est de ça que les agriculteurs ont trop souffert pendant ces 50 dernières années", tacle-t-il.

"Ça nous renvoie aussi à notre responsabilité"

Autre ambiance chez l'adversaire, dans un autre arrondissement de la capitale, au siège de la FNSEA, c'est la mine des mauvais jours. "On a évidemment un recul, admet Arnaud Rousseau mais le président du syndicat agricole relativise : Vous le saviez, nous avions près de 95% des exécutifs et donc notre chance que nous recueillons était évidemment avérée dans un contexte où la crise agricole, le contexte politique et géopolitique international sont extrêmement anxiogènes pour les agriculteurs."

"Aujourd'hui, je voudrais rappeler qu'on va rester à la tête de 80% des exécutifs des chambres d'agriculture en France."

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA

à franceinfo

Il est en revanche trop tôt, selon lui, pour dire si, à la FNSEA, il y aura un avant et un après. "Il faut, à l'échelle de l'histoire, prendre beaucoup de recul sur le processus électoral. Il y a d'abord une bonne nouvelle, c'est que les agriculteurs se sont mobilisés dans un certain nombre de territoires, la colère occupe tout l'espace et les agriculteurs ne savent pas comment se projeter. Et ça nous renvoie aussi notre propre responsabilité."

Au moins trois autres départements ont mis les candidats FNSEA - Jeune Agriculteurs en minorité : en Ardèche où la Confédération paysanne a gagné et en Ariège et en Haute-Garonne où deux listes autonomes l'ont emporté.