Corée du Sud : la justice rouvre le dossier de l'assassinat de l’ancien dictateur Park Chung-hee

Plus de 45 ans après l'assassinat de l'ancien dictateur sud-coréen Park Chung-hee, un tribunal sud-coréen a annoncé mercredi 19 février avoir rouvert le dossier, après une demande de la famille du tireur exécuté en 1980. «Nous avons décidé de rouvrir le dossier», a annoncé un responsable de la Haute Cour de Séoul à l'AFP. Park Chung-hee a dirigé le pays d'une main de fer pendant une quinzaine d'années avant d'être tué d'une balle dans la tête en octobre 1979 par le chef de l'agence nationale des renseignements, Kim Jae-gyu. Reconnu coupable de meurtre et complot en vue de commettre un acte de trahison, il a été pendu en 1980.

En 2020, sa sœur Jung-sook avait appelé la justice à réexaminer l'affaire, convaincue que le crime avait été commis pour le bien de tout le pays, et non «pour devenir président ou pour trahir son pays». «Il a été exécuté sans avoir pu donner sa version des faits, ses raisons», avait-elle dénoncé.

«Retirer la condamnation pour trahison»

Sa famille a également affirmé que Kim Jae-gyu avait été torturé lors de son interrogatoire et n'avait pas bénéficié d'un jugement équitable. «Nous allons revenir sur l'affaire pour réexaminer les dossiers d'enquête», a déclaré Lee Sang-hee, avocate représentant les proches de l’ancien chef de l’agence nationale des renseignements, après l'annonce de la Haute Cour de Séoul. «Nous ne nous attaquons pas à la question de savoir si Kim a tué Park, c'est un fait, mais à la question de savoir pourquoi (...) Nous nous battrons pour retirer la condamnation pour trahison», a-t-elle expliqué à l'AFP.

Cet assassinat a été le sujet de nombreux films et téléfilms, notamment parce qu'il rendit orphelins les enfants du dictateur, parmi lesquels Park Geun-hye, qui deviendra elle-même présidente de 2013 à 2017. Leur mère avait été tuée cinq ans plus tôt quand un sympathisant nord-coréen avait tenté d'assassiner leur père.

Arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'État militaire en 1961, l’ancien dictateur a mis en place un régime qui a contribué à l'essor économique de la Corée du Sud, tout en réprimant l'opposition. Il avait aboli l'élection présidentielle et se réservait le droit de nommer un tiers du Parlement. Il est aujourd'hui admiré par certains pour ses résultats économiques, mais haï par d'autres pour son autoritarisme.