Équateur : les corps de quatre adolescents interpellés retrouvés calcinés
Les corps calcinés retrouvés en Équateur correspondent à ceux de quatre jeunes disparus il y a trois semaines après avoir été arrêtés par des soldats, a annoncé mardi le parquet général, une affaire qui suscite l'émoi dans le pays sud-américain. «Les résultats de l'expertise médico-légale confirment que les quatre corps retrouvés à Taura correspondent aux trois adolescents et à un enfant disparus après une opération militaire, le 8 décembre», a indiqué le parquet sur X.
Saul Arboleda, Steven Medina et les frères Josué et Ismael Arroyo ont disparu après avoir été arrêtés par des militaires le 8 décembre dans le secteur de Las Malvinas, au sud du port de Guayaquil (sud-ouest), l'une des principales villes touchées par la violence du narcotrafic, où l'armée est déployée dans les rues pour lutter contre les gangs criminels. Les militaires ont affirmé que peu de temps après les avoir arrêtés pour des soupçons de vol, ils avaient relâché les enfants en bonne santé.
Enquête pour «disparition forcée»
Le 24 décembre, quatre corps brûlés ont été retrouvés dans une zone de mangrove près de la base de l'armée de l'air équatorienne, dans la ville de Taura, à la périphérie de Guayaquil. Un tribunal pénal équatorien a ordonné mardi la détention préventive des seize soldats qui font l'objet d'une enquête pour la «disparition forcée» présumée des quatre garçons, âgés de onze à quinze ans. Le crime de disparition forcée est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 26 ans de prison, selon le Code pénal équatorien.
Cette affaire a suscité une vive émotion en Équateur, où les ONG dénoncent de graves violations des droits de l'Homme. Les agences de l'ONU et de l'Organisation des États américains ont exprimé leur inquiétude après la disparition des quatre mineurs. Longtemps considéré comme un havre de paix entre la Colombie et le Pérou, principaux pays exportateurs de cocaïne, l'Équateur a vu la violence exploser ces dernières années, des bandes rivales liées aux cartels mexicains et colombiens s'affrontant pour prendre le contrôle du pays. Le président Daniel Noboa, qui cherche à être réélu en février, a déclaré en janvier un état d'urgence pour faire face, selon lui, au «conflit armé interne» ouvert par les gangs, déployant des militaires dans les rues.