La Mistral, nouveau roadster Bugatti : 1600 chevaux sous un parapluie

Christophe Piochon, le président de la marque, nous prévient. « À partir de 160 km/h, si la capote est en place, une sonnette retentit. À 200 km/h, elle fait place à une alarme insupportable. » La cause ? La toile qui recouvre l’habitacle de la Mistral, le nouveau roadster Bugatti, conçue sur la base de la Chiron, tient plus du parapluie que de la capote triple épaisseur. Elle peut donc se déchirer et s’envoler. Cela ne nous arrivera pas. Le jour de notre passage à Molsheim, il pleut des cordes. Il est nécessaire de tempérer son enthousiasme et de doser la pression sur la pédale d’accélérateur. Un début d’aquaplaning sur la voie rapide menant à Colmar, puis une glissade des quatre roues sur un rond-point nous ramèneront à la raison.

Avoir essayé toutes les Bugatti depuis la renaissance de la marque par le groupe Volkswagen et la Veyron au début des années 2000 nous installe en terrain familier. Bien qu’elle repose sur la même structure que la Chiron, la W16 Mistral se distingue sur de nombreux éléments spécifiques. La ligne a été entièrement remodelée, au profit de l’aérodynamique et du refroidissement des éléments mécaniques. Aujourd’hui à la retraite, le designer Achim Anscheidt nous expliquait lors de la présentation de la voiture à l’été 2022 que la Bugatti Type 57 Roadster Grand Raid de 1934 avait servi de source d’inspiration.

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Quant au moteur, il s’agit d’une version évoluée du W16 quatre turbos de la Chiron. Propulsant la version Super Sport 300+, ce moteur affiche une puissance mirifique de 1600 ch. Les performances viennent de l’univers des avions de chasse : 12,1 secondes pour atteindre les 300 km/h. La Bugatti évolue sur une autre planète. Si l’on retrouve l’excellence d’une finition soignée dans les moindres détails, associant carbone, cuir et suédine, et commune à tous les modèles conçus à Molsheim depuis la Veyron, la Mistral se distingue par sa sonorité particulière. À 2800 tr/min environ, la seconde paire de turbos entre en scène, dans un bruit de torréfacteur à café. La décélération s’accompagne d’une déflagration qui rappelle la vapeur d’un fer à repasser branché sur un micro. C’est assez impressionnant. L’autre qualité de ce roadster capable d’atteindre les 420 km/h est de préserver un niveau de confort similaire à une limousine. Bugatti est en train de terminer la production de ses 99 unités, bolides facturés 5 millions d’euros pièce, avant de passer au prochain modèle, la Tourbillon équipée d’un V16 hybride rechargeable de 1800 ch.