Législatives en Allemagne : après la série d'attaques meurtrières, immigration et sécurité intérieure plus que jamais au cœur du dernier débat
Une trentaine de personnes ont été blessées jeudi 13 février, à Munich, lors d'une attaque à la voiture-bélier commise par un demandeur d'asile afghan. Quelques heures plus tard, dans la soirée, les quatre principaux candidats aux élections législatives ont participé à un débat télévisé.
À neuf jours des législatives, le chancelier Olaf Scholz, le conservateur Friedrich Merz, le vert Robert Habeck et la cheffe de l'Afd, Alice Weidel ont répondu aux questions du public et il a notamment été question de sécurité intérieure et d'immigration.
Ce sont désormais les deux thèmes principaux de la campagne et ils éclipsent ou relèguent au second plan les autres sujets, y compris l'économie, l'inflation, le logement, les problèmes d'infrastructures, pourtant préoccupations majeures des Allemands. La raison tient bien à cette attaque, à Munich, qui n'est que la dernière d'une liste déjà longue d'agressions commises par des ressortissants étrangers : 22 janvier, deux morts dont un enfant de deux ans dans un parc d'Aschaffenbourg ; 20 décembre, six morts et 300 blessés après une attaque à la voiture bélier sur le marché de Noël de Magdebourg. Sans oublier Mannheim et Solingen.
Des attaques qui alimentent l'extrême droite
Jeudi soir, la première question du débat a été posée par une femme, Heike, au chancelier Olaf Scholz. Elle vit justement à Solingen où un Syrien a poignardé et tué trois personnes lors d'un festival l'été dernier. "Et maintenant, ça arrive à Munich. Nous avons peur que cela continue. Si vous ne changez pas radicalement les choses, n'êtes-vous pas moralement complice de chaque meurtre qui a eu lieu jusqu'à présent ?", interroge-t-elle.
La série d'attaques qui frappe l'Allemagne nourrit la progression de l'AfD, l'extrême droite anti-immigration, pro-Russie et hostile à l'aide à l'Ukraine. Le parti est en deuxième position dans les sondages, crédité de 20% des intentions de vote, soit deux fois son score de 2021. Une fois encore, lors du débat, sa cheffe de file, candidate aux législatives, Alice Weidel, a critiqué le laxisme du gouvernement d'Olaf Scholz.
Elle estime que le demandeur d'asile afghan de 24 ans, auteur de l'attaque de Munich, n'aurait pas dû se trouver en Allemagne. "Qu'est-ce que cet homme fait ici ? Je peux vous dire que si l'Allemagne avait un gouvernement dirigé par l'AfD, cet homme ne serait plus là depuis longtemps. C'est toujours le même scénario et les gens en ont assez. Ils veulent des solutions, ils veulent des frontières sûres", assène-t-elle dans une colère froide.
D'autres partis durcissent le ton sur l'immigration
Mais cette série d'attaques a aussi conduit le gouvernement et le SPD d'Olaf Scholz à durcir le ton en matière de politique migratoire. Après l'attaque de Solingen, le gouvernement a annoncé la suppression des prestations pour certains étrangers clandestins. Après l'attentat de Mannheim, Berlin a repris les expulsions d'Afghans condamnés par la justice, une première depuis le retour des talibans en 2021. Cette vague de violence a mis une pression très forte sur le parti social-démocrate du chancelier, le SPD, accusé de laxisme ces trois dernières années et qui s'est vu contraint de renforcer l'arsenal contre l'immigration illégale.
Désormais, en pleine campagne pour sa réélection, le chancelier ne manque jamais l'occasion de vanter les mérites de sa politique migratoire et la baisse d'un tiers des demandes d'asile entre 2023 et 2024. Jeudi soir, il a promis de faire expulser l'auteur de l'attentat de Munich. "Celui qui n'a pas la nationalité allemande et commet des infractions de ce type doit s'attendre à ce que nous le renvoyions dans son pays. Et c'est ce qui va arriver à cet individu. Je me suis engagé à ce qu'il y ait davantage d'expulsions en Allemagne. Par rapport aux dernières années, elles ont augmenté de 70 %, mais c'est encore trop peu."
CDU, AfD ou encore SPD, les partis se montrent plus fermes sur l'immigration et nous sommes désormais bien loin de la "willkommenskultur", la culture de l'accueil d'Angela Merkel, l'ex-chancelière qui avait grand ouvert les portes de l'Allemagne aux réfugiés en 2015 et 2016.