Ce que l'on sait de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait deux morts et 37 blessés à Munich pendant une manifestation
Le conducteur a lancé son véhicule sur l'arrière d'un cortège syndical, à Munich (Allemagne), jeudi 13 février. Alors qu'un premier bilan faisait état de 39 blessés, la police locale a annoncé samedi qu'une mère et sa fille de deux ans étaient mortes des suites de leurs blessures après l'attaque à la voiture-bélier perpétrée en plein centre-ville. Le suspect, un demandeur d'asile afghan, a été interpellé sur les lieux.
"Il s'agit probablement d'un attentat", a réagi le chef du gouvernement régional de Bavière, Markus Söder, tandis que le chancelier de centre gauche Olaf Scholz a dénoncé un acte "horrible" et promis d'expulser le coupable. L'événement survient en plein campagne électorale pour les élections législatives, prévues le 23 février. Franceinfo revient sur ce que l'on sait à ce sujet.
Le conducteur a foncé sur une manifestation
Vers 10h30, jeudi matin, une Mini Cooper s'est approchée de l'arrière du cortège d'une manifestation organisée à l'appel du syndicat Verdi, qui représente des agents de la fonction publique, selon la police. Le conducteur a alors doublé un véhicule de police qui fermait la marche et foncé sur les manifestants. Le conducteur "a percuté les gens et emporté une quinzaine de personnes", raconte à l'AFP Alexa Graef, une étudiante qui a assisté à la scène. "Il n'a pas eu énormément de temps pour accélérer, mais il allait à coup sûr à 50 ou 60 km/h, peut-être 80", selon elle. La police a arrêté le véhicule en tirant "un coup de feu", avant d'interpeller le conducteur.
Le dernier bilan des autorités dans la soirée faisait état vendredi de 39 blessés, parmi lesquels des enfants et plusieurs personnes toujours "entre la vie et la mort", selon le maire de Munich, Dieter Reiter. Huit personnes sont "très grièvement blessées" et "huit autres gravement", a-t-il dit. Samedi, un porte-parole de la police, Ludwig Waldinger, a annoncé qu'une petite fille de deux ans et sa mère de 37 ans sont décédées des suites de leurs blessures.
Le suspect est un demandeur d'asile afghan
"Le suspect est un homme de 24 ans, de nationalité afghane", a annoncé la police quelques heures après l'attaque. Selon les autorités bavaroises, l'homme, un demandeur d'asile, était "connu des services de police", pour des délits de vols et liés à des produits stupéfiants. La police a parlé d'"indices d'un contexte extrémiste" concernant le jeune Afghan. Mais le ministre bavarois de l'Intérieur, Joachim Hermann, a affirmé qu'il était encore "trop tôt" pour se livrer à des "spéculations".
L'enquête n'en est qu'à ses débuts, mais la nationalité du suspect a immédiatement déclenché de vives réactions politiques. "Ce criminel ne peut pas compter sur une quelconque clémence. Il doit être puni et doit quitter le pays", a réagi Olaf Scholz, le chef du gouvernement allemand, devant des journalistes dans la ville de Fürth.
L'homme interpellé est "à nouveau un jeune homme originaire d'Afghanistan. La réponse ne peut être que celle-ci : l'Etat de droit doit faire preuve d'une fermeté maximale", a de son côté martelé la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser. Une référence au fait que des ressortissants afghans ont été impliqués, ces dernières années, dans des actes de violence qui ont suscité une forte émotion au sein de la population allemande. Parmi ceux-ci, une agression au couteau à Aschaffenbourg, fin janvier, qui avait fait deux morts dont un petit garçon de 2 ans. L'autre fait remonte au printemps 2024, quand un policier avait été tué à Mannheim.
"Nous avons massivement renforcé les lois pour expulser les auteurs d'actes de violence (…), elles doivent maintenant être appliquées avec toute la rigueur nécessaire", a ajouté Nancy Faeser. "Nous sommes le seul Etat en Europe à expulser à nouveau vers l'Afghanistan malgré le règne des talibans et nous continuerons à le faire", a-t-elle prévenu. "Ceux qui viennent dans notre pays et commettent des crimes doivent être sévèrement punis et ensuite expulsés, même dans des pays difficiles."
Le chef du gouvernement régional de Bavière, Markus Söder, qui a dénoncé un "probable attentat", a de son côté évoqué des "circonstances similaires" à l'attaque qui s'est déroulée à Magdebourg en décembre : un réfugié saoudien, souffrant de problèmes psychiatriques, avait foncé à bord d'une voiture sur la foule d'un marché de Noël, faisant six morts et plus de 200 blessés.
L'attaque survient en pleine campagne électorale
Selon les autorités locales, cette attaque ne semble pas liée à la Conférence sur la sécurité de Munich, qui s'ouvre vendredi et rassemble le monde de la défense et de la diplomatie. L'acte survient en revanche en pleine campagne législative. Ce qui explique en partie la réaction immédiate et virulente d'Olaf Scholz, qui pourrait perdre sa place de chancelier dans ce scrutin, au profit d'une poussée de l'extrême droite et des conservateurs.
La nationalité du suspect rend cette attaque de nature à enflammer un peu plus une campagne déjà marquée par une très forte polarisation sur les questions d'immigration et de sécurité intérieure. L'extrême droite pourrait plus que doubler son score de 2021 à plus de 20%, selon les derniers sondages. Le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) est en deuxième position dans les sondages pour le scrutin législatif avec 20% des intentions de vote, derrière les conservateurs (30%).
L'une des figures de l'AfD, Björn Höcke, a déjà appelé sur X à "voter contre les partis du cartel", comme il nomme les formations établies de l'actuel gouvernement de centre gauche du chancelier Olaf Scholz ou de l'opposition conservatrice et libérale. "Il faut mettre un terme à la décomposition de l'Etat" allemand, a-t-il ajouté, en dénonçant la présence de réfugiés afghans en Allemagne, venus pour beaucoup pour échapper aux talibans.
Le favori des sondages pour remplacer Olaf Scholz à la chancellerie, le conservateur Friedrich Merz, a lui promis de rétablir "l'ordre et le droit de manière conséquente". "La sécurité des gens en Allemagne sera la première des priorités", a-t-il dit.