Le 21 mars 2023, Valentin P., étudiant alors âgé de 19 ans, participe à une mobilisation contre la réforme des retraites à Paris. Il est un peu plus de 23 heures quand, au retour de la manifestation, il scande des slogans dans la rue en compagnie de ses amis. Le groupe est alors repéré par une équipe de la brigade de répression de l’action violente motorisée (Brav-M). Les forces de l’ordre avaient reçu des signalements au sujet de lancers de projectiles. Valentin P. se met alors à courir, ressentant l’approche des policiers comme menaçante. Deux équipages, soit deux motards et deux passagers, se lancent à sa poursuite.
Un passant filme la scène ultra-violente qui se déroule ensuite, qui est également enregistrée par la caméra piétonne d’un des policiers. Pris en chasse par les motards, Valentin P. trébuche sur un trottoir et s’effondre au sol. Il est rattrapé par les véhicules des policiers, dont l’un lui roule sur la jambe à une vitesse avoisinant les 30 kilomètres par heure. Les agents l’immobilisent puis lui assènent coups de pied et insultes, avant de l’abandonner à son sort. Des actes dont ils n’hésitent pas à se vanter devant leurs collègues : « On vient de percuter un mec, on l’a découpé, on l’a démonté ! » fanfaronnent-ils sinistrement sur l’une des vidéos.
Lundi 26 mai, le tribunal correctionnel a condamné le conducteur de la moto, Vincent V., à douze mois de prison avec sursis, cinq ans d’interdiction de port d’armes et une interdiction définitive d’exercer dans la police ou la gendarmerie. Mathieu. M a également été condamné à huit mois de prison avec sursis pour avoir frappé Valentin P. de manière intentionnelle. Quant au troisième fonctionnaire, il a été relaxé, le tribunal considérant qu’il ne s’agissait pas de violences volontaires.
Une brigade habituée des violences
Bilan médical pour l’étudiant : une incapacité totale de travail de huit jours, d’importantes ecchymoses et un hématome de 56 centimètres derrière le tibia gauche, là où la moto lui a roulé dessus, avec le policier au guidon. Une blessure qui l’a contraint à porter des béquilles et l’a empêché de marcher correctement pendant plusieurs semaines. « Il y a aussi les conséquences psychologiques à prendre en compte. C’était un événement traumatique », témoignait le jeune homme sur la chaîne YouTube Le Média, deux semaines après son agression. Il confiait également son angoisse à l’idée de retourner manifester. Il n’a pas souhaité se porter civile au procès.
Suite à la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux, une enquête de l’Inspection générale de la police nationale a été ouverte. Trois policiers ont été jugés, parmi lesquels Vincent V., 30 ans, conducteur de la moto accusé d’avoir roulé sur la jambe de l’étudiant. Au cours du procès, les trois agents n’ont de cesse de clamer leur innocence. « À aucun moment je ne lui ai roulé dessus ! Je ne suis pas un sauvage », a affirmé le principal accusé, qui reconnaît néanmoins un coup de genou. Ses deux collègues Mathias M. et Valentin T. démentent également les violences volontaires, ce qui provoque la colère de la procureure de la République, qui rappelle la teneur de la conversation enregistrée : « Pour nous, ce sont des aveux », soutient-elle.
Créées au printemps 2019 pour intervenir rapidement lors de manifestations, de violences urbaines ou de dégradations, les Brav-M se sont depuis retrouvées plusieurs fois au cœur de scandales, avec des agents accusés de violences verbales voire physiques. Un policier a été condamné à un stage de citoyenneté, le 21 mai, pour des violences sur un observateur membre de la Ligue des droits de l’Homme.
10 mois de prison avec sursis avaient été requis contre Vincent V., et cinq mois avec sursis également à l’encontre de Mathias M. et Valentin T. Au final, le tribunal a décidé d’être plus sévère envers les deux fonctionnaires. D’autant plus que Vincent V. est condamné à une interdiction définitive d’exercer dans la police ou la gendarmerie, fait rare dans ce genre d’affaire.
Le média que les milliardaires ne peuvent pas s’acheter
Nous ne sommes financés par aucun milliardaire. Et nous en sommes fiers ! Mais nous sommes confrontés à des défis financiers constants. Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.
Je veux en savoir plus !