XV de France : Nolann Le Garrec, un leadership à assumer contre les All Blacks

Avant l’annonce du groupe retenu pour aller défier les All Blacks sur leurs terres, Nolann Le Garrec faisait partie de ces internationaux tricolores qui avaient manifesté leur envie d’en être. «C’est un rêve de pouvoir jouer une des meilleures équipes du monde, là-bas, au pays du rugby. C’est un grand défi rugbystique», avait-il confié au Figaro fin avril. Ça y est, on y est. Le demi de mêlée de 23 ans va défier les triples champions du monde (1987, 2011 et 2015). Dans la peau d’un patron, d’un guide de ce XV de France fortement remanié et privés de bon nombre de ses «joueurs premium». Lui dispose de ce statut de joueur protégé. Avec ses 10 sélections, le Breton est l’un des cadres du groupe tricolore, l’un des habitués de la maison bleue.

«C’est vrai qu’aujourd’hui, dans ce nouveau groupe qui est un petit peu plus jeune, j’ai un peu plus de leadership. J’essaie d’accompagner, en restant très humble, avec Gaël (Fickou), Rabah (Slimani), Romain (Taofifenua), juste sur la partie stratégique sur le terrain parce que j’ai un rôle et un poste qui est important, reconnaît le demi de mêlée formé au Racing 92, qu’il va quitter pour rejoindre La Rochelle. J’ai la chance d’être dans le projet depuis quelques années. Pour les nouveaux qui arrivent, c’est bien aussi d’avoir quelqu’un qui s’appuie sur ça.»

C’est un peu la force de cette équipe d’être capable de garder un même système et un même principe, quels que soient les joueurs

Nolann Le Garrec
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Et de poursuivre : «Dans le groupe, on a les anciens qui font en sorte que tout se passe bien. C’est impressionnant en quelques jours, ce qu’il se crée. C’est un rôle nouveau pour moi, mais c’est un rôle qui me plaît, que j’avais de plus en plus à la fin au Racing 92. J’espère que c’est un bon leadership et que ça marchera sur le terrain.»

Surtout, cette tournée en Nouvelle-Zélande est l’occasion, pour lui, de se montrer, de se rappeler aux bons souvenirs du staff tricolore. Il avait en effet commencé le dernier Tournoi des six nations dans la peau de la doublure d’Antoine Dupont mais, après la blessure contre l’Irlande du meilleur joueur du monde, il avait rétrogradé dans la hiérarchie, doublé par un Maxime Lucu lancé vers une fin de saison stratosphérique.

«L’effectif le plus garni dans le monde en numéros 9»

«La réalité, c’est qu’aujourd’hui on a une équipe de France qui est ultra-performante avec une concurrence à mon poste qui est exceptionnelle, souligne celui qui a brillé lors de la victoire sur le fil de France A contre l’Angleterre XV (26-24). On n’est pas loin d’avoir l’effectif le plus garni dans le monde en numéros 9. Et cette équipe de France, elle performe tout le temps, donc il faut être tout le temps au niveau.»

Ce samedi à Dunedin, Nolann Le Garrec est attendu sur sa capacité à diriger les Bleus, à gérer les temps faibles (qui devraient être nombreux), notamment par son jeu au pied, et à tenter des coups. «C’est vrai que depuis quelque temps, l’équipe de France a l’habitude d’utiliser pas mal de jeu au pied, pour récupérer le ballon dans des positions plus favorables. (...) On essaie d’utiliser au mieux les joueurs et nos qualités sur ce jeu au pied pour trouver les bonnes zones et essayer de mettre la pression, détaille le Vannetais. C’est un peu la force de cette équipe d’être capable de garder un même système et un même principe, quels que soient les joueurs.»

14 essais en 35 matches avec le Racing 92

Après avoir connu un coup de moins bien au retour du Tournoi, le numéro 9 du Racing a retrouvé toute sa force de frappe et son efficacité à débloquer les matches. «Je n’ai jamais vraiment perdu la confiance, nous avait-il expliqué. Il y a eu plusieurs choses : une période un peu hachée entre le club et l’équipe de France, le changement de coach (au Racing 92), des résultats en dents de scie avec le club. Plusieurs éléments qui n’étaient pas les plus favorables.» 

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Il a finalement quitté les Hauts-de-Seine sur une saison pleine avec 14 essais inscrits (dont trois doublés) en 35 matches (25 titularisations). Avec la pilule amère de ne pas avoir qualifié le club pour les phases finales pour la première fois depuis 2009-2010, après les demi-finales en 2021 et 2023, et les barrages en 2022 et 2024. Mais un mal pour un bien, finalement, qui lui a permis de s’envoler pour la Nouvelle-Zélande.

Arrivé au Pays du long nuage blanc, il préfère ne pas s’attarder sur les critiques envers le XV de France qui est venu sans ses meilleurs éléments. «J’ai allumé la télé avec Émilien (Gailleton) dans la chambre et c’est vrai qu’il y avait un plateau et les gens parlaient de ça. Cela doit nous servir de motivation. Après, il ne faut pas tomber dedans non plus et garder notre cap», insiste-t-il. Se rappelant qu’il a déjà battu les «hommes en noir». C’était en novembre dernier au Stade de France (30-29) et il était entré en jeu à la 68e minute en remplacement de l’arrière bordelais Romain Buros, touché à la cheville et au quadriceps. «C’était la première fois que je jouais les Blacks, donc c’est vrai que pouvoir les battre, c’était super.» Remettre ça s’annonce bien plus corsé...