Le marchandage n’est pas vraiment de nature à apaiser les tensions. Comme chaque année, tous les postes clés doivent être renouvelés, à l’exception de la présidence de l’Assemblée nationale. En l’absence d’accord entre les onze groupes, les députés devront se soumettre, mercredi et jeudi, à une série de votes stratégiques à l’occasion de la rentrée parlementaire. Le Figaro fait le point sur les principaux enjeux de ces scrutins internes.
- Six vice-présidences remises en jeu et un retour probable du RN
Les troupes de Marine Le Pen espèrent bien tenir leur revanche, plus d’un an après avoir été écartées du très stratégique bureau de l’Assemblée nationale. À l’issue des élections législatives anticipées, la gauche comme les macronistes avaient reproduit le «front républicain» dans l’Hémicycle, privant la formation nationaliste de ses deux vice-présidences.
Passer la publicitéCette fois, la locataire du perchoir, Yaël Braun-Pivet, pousse pour une meilleure répartition des postes en fonction du poids de chaque groupe - celui de RN étant le plus nombreux, avec 123 députés. Un rééquilibrage que pourrait appuyer le «socle commun», malgré l’opposition ferme de la gauche. Le parti à la flamme dit avoir bon espoir de récupérer ses deux vice-présidences perdues, qui reviendraient à Hélène Laporte (députée du Lot-et-Garonne) et Sébastien Chenu (député du Nord).
Laissé sur le carreau l’été dernier, le MoDem de François Bayrou joue lui aussi des coudes pour décrocher un siège au perchoir. Mathématiquement, les partis du Nouveau Front populaire (NFP) pourraient donc faire les frais du renouvellement : les Écologistes disposent d’une vice-présidence avec Jérémie Iordanoff, quand les Insoumis en détiennent deux avec Clémence Guetté et Nadège Abomangoli.
- La gauche pourrait perdre sa majorité au bureau de l’Assemblée
À la surprise générale, le bloc de gauche avait obtenu l’an passé la majorité au bureau de l’Assemblée, remportant 13 postes sur 22. Une position hautement stratégique, alors que l’instance collégiale tranche aussi bien les sanctions les plus sévères visant les députés que la recevabilité des propositions de loi.
Mais, là encore, le renouvellement pourrait inverser les rapports de force. Car en plus des vice-présidences, les douze postes de secrétaires seront eux aussi remis en jeu - neuf sont détenus par la gauche, deux par Liot et un seul par le camp présidentiel. Or, Yaël Braun-Pivet et plusieurs macronistes plaident pour accorder un siège à chaque groupe. Seules les trois questeurs sortantes - Christine Pirès-Beaune (PS), Brigitte Klinkert (Renaissance) et Michèle Tabarot (Droite Républicaine) - sont pour l’instant assurées de retrouver leurs places.
- Bataille autour du poste très convoité de rapporteur général du budget
L’inoxydable Charles de Courson (Liot) sait qu’il est dans le viseur du camp présidentiel. Lui qui avait ravi sur le fil le fauteuil très convoité de rapporteur général du budget, traditionnellement dévolu à la majorité. Le «socle commun» aimerait donc reprendre la main sur cette fonction technique et centrale dans l’examen des textes budgétaires.
Passer la publicitéD’autant que le centriste, qui n’hésite pas à épingler la macronie, forme un duo atypique avec le président Insoumis de la commission des Finances, Éric Coquerel. Ce dernier pourrait, lui, conserver son poste stratégique - lequel revient toujours à l’opposition. Les socialistes devraient choisir de le soutenir, malgré les tensions persistantes avec les mélenchonistes.
- Les commissions des Affaires économiques et des Affaires culturelles au cœur des tractations
Comme celle des Finances, les présidences des sept autres commissions permanentes seront toutes remises en jeu. Parmi les cibles privilégiées, le «socle commun» rêve notamment de reconquérir la commission des Affaires économiques. Un désaccord entre les macronistes et leurs alliés des Républicains avait à l’époque ouvert la voie à l’Insoumise Aurélie Trouvé, qui s’était finalement imposée face à Stéphane Travert (Renaissance). L’ex-ministre de l’Agriculture devrait retenter sa chance.
Les socialistes se préparent quant à eux à perdre les rênes de la commission des Affaires culturelles, présidée depuis l’été dernier par la députée Fatiha Keloua Hachi. Cette dernière avait profité de la division du MoDem, qui avait présenté deux candidats. Un scénario qui ne devrait, cette fois, pas se reproduire.