L’examen de la demande de libération de Georges Ibrahim Abdallah reportée au 19 juin

Son destin devait enfin être scellé ce jeudi, la justice en a (encore) décidé autrement. Emprisonné depuis plus de quarante ans dans les geôles françaises et s’étant vu refuser une dizaine de demandes de libération, le militant communiste libanais Georges Ibrahim Abdallah devra patienter jusqu’au 19 juin pour savoir s’il pourra recouvrer ou non sa liberté, date à laquelle la cour d’appel de Paris a ajourné sa décision.

Les juges, qui avaient statué sur la onzième requête du défenseur des droits des Palestiniens le 19 décembre 2024, ont exigé de lui qu’il justifie d’abord de l’indemnisation des parties civiles dans l’affaire des deux diplomates états-unien et israélien assassinés, ce à quoi il s’est toujours refusé, arguant de son innocence. L’ayant rencontré dans la matinée au centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), José Navarro, animateur du collectif de soutien bigourdan, a dépeint un homme « très combatif », qui appréhendait l’issue de cette journée.

Une mesquinerie juridique

D’aucuns avaient bon espoir que la cour d’appel confirme la décision prise par le tribunal d’application des peines antiterroriste en date du 15 novembre 2024 d’accéder à sa demande de libération, avant que le parquet antiterroriste interjette appel. Ce rebondissement est un énième coup porté à son encontre.

Âgé de 73 ans, Abdallah, 2388/A221 de son numéro d’écrou à Lannemezan, plus ancien prisonnier politique d’Europe – et même du monde – s’agissant du conflit au Moyen-Orient, est libérable depuis vingt-cinq ans. Plus que sa sortie de prison, c’est la fin d’une injustice politique qui est de mise.

Militant communiste depuis ses 16 ans, participant à la lutte contre l’occupation de son pays par Israël dans les années 1980, il avait été arrêté à Lyon, puis condamné une première fois en 1986 pour passeports falsifiés, association de malfaiteurs, détention d’armes et d’explosifs.

L’année suivante, la cour d’assises spéciale de Paris l’avait condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, pour complicité d’assassinat des deux diplomates, sans que des preuves réelles de son implication n’aient été démontrées selon son conseil, Jean-Louis Chalanset. Partie civile au procès de 1987, les États-Unis continuent de faire pression pour empêcher sa remise en liberté.


Dénonçant jeudi une « mesquinerie juridique », l’avocat rappelle qu’Abdallah est une « exception », tandis qu’en France, les prisonniers politiques – qu’ils soient basques, corses ou des membres d’Action directe – sont aujourd’hui libres. Selon lui, refuser sa libération conditionnelle, c’est lui faire subir une peine déguisée de « perpétuité réelle », notion qui n’existe pas dans le droit français.

Une tribune, parue en juin 2024 dans l’Humanité, rappelait justement que la Cour européenne des droits de l’homme, dans son arrêt « Vinter contre Royaume-Uni », « énonce qu’il doit être offert un espoir de libération à la personne condamnée à une peine perpétuelle. Le contraire reviendrait à lui infliger un traitement inhumain et dégradant ». D’où la nécessité de « refuser une peine de mort lente » à Georges Ibrahim Abdallah. Ces mots, qu’il a confiés à l’Humanité le 15 novembre dernier, résonnent plus que jamais « Ne baissons jamais les bras, gardons toujours le fil rouge de la lutte ».

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