« On est retombé en arrière de 10 ans » : la libération du militant propalestinien Georges Ibrahim Abdallah encore repoussée par la justice

Quarante années derrière les barreaux, onze demandes de remise en liberté refusées, puis l’espoir d’une libération inespérée, le vendredi 15 novembre dernier : le destin du militant communiste et propalestinien Georges Ibrahim Abdallah lui a été dérobé par la justice. Alors que sa sortie de prison avait été autorisée par le tribunal d’application des peines antiterroriste (Tapat) – à condition qu’il retourne au Liban -, le parquet antiterroriste avait fait appel.

La demande a été examinée par la justice lors d’une audience non-publique, jeudi 19 décembre, dans l’après-midi. La cour d’appel annonce qu’elle ne se prononcera sur la demande de libération conditionnelle du militant libanais, plus vieux prisonnier politique d’Europe, que le 20 février 2025.

« Associé à la position des États-Unis »

« On est retombé en arrière de dix ans », a fustigé son avocat, Maître Jean-Louis Chalanset, après l’audience. Ce dernier regrette notamment que le parquet général se soit « associé à la position des États-Unis, partie civile » en « faisant un réquisitoire contre le jugement » du 15 novembre. Pour rappel, Washington, qui fut partie civile à son procès en 1987, a systématiquement combattu ses demandes de libération.

Le sort de Georges Ibrahim Abdallah repose dorénavant sur la seule cour d’appel. Si cette dernière confirme la décision du tribunal, le militant politique libanais sera remis en liberté – un éventuel pourvoi du parquet général n’étant pas suspensif. Si elle rejette la demande du cofondateur de l’organisation marxiste prosyrienne, antisioniste et anti-impérialiste, les Fractions armées révolutionnaires libanaises (Farl), ce dernier pourra former un pourvoi en cassation.

Pour rappel, Georges Ibrahim Abdallah, âgé de 73 ans, est libérable depuis 25 ans. L’annonce du report à février prochain a rallumé la flamme chez ses soutiens. Environ 200 manifestants se sont ainsi réunis, jeudi soir à Toulouse (Georges Ibrahim Abdallah est détenu au centre pénitentiaire de Lannemezan, à proximité de la ville rose) pour réclamer sa libération. « Il est de nos luttes. Nous sommes de son combat. Libérez George Abdallah », scandaient des militants du collectif Palestine Vaincra, de syndicats et de partis de gauche, présents sur place.

« George Ibrahim Abdallah est le plus ancien prisonnier politique d’Europe, il est emprisonné en France depuis plus de 40 ans alors qu’il est libérable. Son maintien en détention est l’expression d’un acharnement politique des autorités françaises », a dénoncé Tom Martin, porte-parole de Palestine Vaincra. Georges Ibrahim Abdallah, lui-même, le confiait dans les colonnes de l’Humanité, jeudi 14 novembre : « Je suis évidemment et surtout victime d’une décision politique ; si je suis libéré, à leurs yeux, cela représenterait une victoire des opposants à Israël. » C’est bel et bien le combat pour la Palestine qui vaut au cofondateur des Farl de croupir derrière les barreaux. Encore et toujours.

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