Six nations 2025 : la France au sommet, l’Irlande déchue, le pays de Galles au fond du trou… Le bilan du Tournoi
Clap de fin pour l'édition 2025 du Tournoi des six nations. Après sept semaines de compétition animées, et un duel à distance entre Français, Anglais et Irlandais, le XV de France a remporté son 27e titre avec une ultime victoire devant son public au Stade de France face à l'Ecosse (35-16), samedi 15 mars. Au lendemain du "super saturday" de la dernière journée, il est l’heure de distribuer les bons et les mauvais points aux six sélections engagées.
La France renoue avec le succès
Trois ans après son Grand Chelem, le XV de France a écrit une nouvelle page de son histoire, et remis les mains sur le trophée des Six nations. Vainqueurs du tout dernier match de cette édition 2025 face à l'Ecosse (35-16), ils ont décroché leur 27e titre dans la compétition, le 7e depuis 2000 et le passage à six nations. Avec quatre victoires en cinq rencontres, dont deux démonstrations face au pays de Galles (43-0) et à l'Italie (73-24), et un coup de force remarqué en Irlande (42-27), les Bleus terminent avec le meilleur bilan (21 points), une longueur devant l'Angleterre, et deux sur le XV du Trèfle, tenant du titre.
Au soir du Crunch à Twickenham, le Tournoi des Bleus aurait pourtant pu prendre une autre direction. Défaits d'un petit point après un match archi-dominé mais aux nombreuses occasions franches gâchées, leurs espoirs de Grand Chelem déjà abandonnés, les Bleus ont réussi à relever la tête, et à se remobiliser autour de l'objectif de victoire finale. Mais au-delà du symbole du titre, les joueurs et le staff ont innové et travaillé de nouvelles choses, de l'animation offensive (meilleure attaque du Tournoi avec 30 essais marqués) au banc en "7-1". Beaucoup de voyants sont au vert, donc, pour l'avenir.
L’Angleterre sur le fil
Jusqu'au bout de ce Tournoi des six nations, le XV de la Rose a semblé miraculé. Avec deux victoires sur le fil, d'abord face à des Bleus aux mains glissantes (26-25), puis face aux Ecossais (16-15), les hommes de Steve Borthwick se sont mis en position de jouer la victoire finale jusqu'au bout. Virtuellement en tête le temps de quelques minutes entre le coup de sifflet final de leur victoire à Cardiff et le premier essai tricolore face à l'Ecosse, ils terminent finalement deuxièmes, leur meilleur résultat depuis 2019.
Mais dans le contenu, les Anglais, à la peine dans le jeu depuis plusieurs années, n'ont pas toujours apporté de réponses ou de garanties à leurs supporters. Les tâtonnements tactiques de Steve Borthwick, qui a alterné entre Fin Smith et Marcus Smith à l'ouverture, plaçant même son feu follet sur le banc, n'ont pas aidé à huiler la machine anglaise. Leurs deux matchs les plus aboutis ont été contre les deux nations les plus faibles de cette édition, l'Italie (47-24) et le pays de Galles (68-14), en fin de Tournoi, avec deux victoires à plus de 40 points.
L’Irlande détrônée et renversée à domicile
Pendant trois journées, après une entame à l'expérience contre l'Angleterre (27-22), un succès sérieux en Ecosse (32-18), et une victoire renversante face aux Gallois (27-18), les hommes de Simon Easterby ont été sur la route d'un nouveau Grand Chelem et d'un troisième titre de rang, une performance inédite dans le Tournoi des six nations. Mais tout a volé en éclat lorsqu'ils ont été écrasés par un XV de France revanchard (42-27) lors de la quatrième journée début mars. Dans le choc de ce Tournoi, les Verts ont craqué face à la puissance physique et au jeu offensif des Bleus, à qui ils ont cédé les commandes.
Difficile de faire le bilan du Tournoi des Irlandais par un autre prisme que ce revers à domicile, le troisième seulement sur les 32 derniers matchs disputés sur la pelouse de l'Aviva Stadium. En 80 minutes, le XV du Trèfle a donné l'impression de perdre autant ses chances de victoire finale que ses certitudes. En témoigne le dernier match sur la pelouse de l'Italie, où il a assuré le minimum et s'est fait peur jusque dans les ultimes minutes (22-17), pour une troisième place finale, leur pire résultat depuis 2021.
L’Écosse à son niveau
Comme ces dernières années, l'Ecosse semble bien installée dans le ventre mou du Tournoi, trop forte pour les derniers, pas assez bonne pour jouer les premières places. Finalement classé quatrième, place à laquelle il a terminé lors de six des neuf dernières éditions de la compétition, le XV du Chardon a signé des résultats à sa hauteur : il a assuré contre l'Italie et le pays de Galles, et a cédé face aux Français, aux Irlandais, et aux Anglais.
Dans ces trois défaites, cette dernière, d'un petit point (15-16) à Twickenham, est sans doute celle qui laissera le plus de regrets aux hommes de Gregor Townsend, alors qu'ils restaient sur quatre victoires de rang dans ce duel. Derrière, ils se sont même fait peur face à la lanterne rouge galloise, avec deux essais concédés dans le dernier quart d'heure. Face aux Irlandais et aux Bleus, ils n'ont pas pu faire le poids, constatant l'écart qui les sépare encore des deux meilleures équipes européennes du moment.
L’Italie pas dernière mais déçue
Sentiment mitigé pour la Squadra Azzura au moment de boucler ce Tournoi. D'un côté, les hommes de Gonzalo Quesada ont assuré le match désormais jugé à leur portée face au pays de Galles (22-15), ont montré par moments de belles promesses comme lors de la dernière journée face à l'Irlande (défaite 22-17) et se sont détachés une nouvelle fois de l'image d'éternels perdants qui leur colle à la peau, en témoigne leur cinquième place finale.
Mais d'un autre côté, les Italiens n'ont pas réussi à confirmer leur progression affichée depuis quelques années. Ils ont même explosé face aux plus grandes nations, avec 73 points concédés à domicile face aux Bleus, un record pour cette affiche dans la compétition, et 47 encaissés à Twickenham. Ils n'ont pas été capables de rééditer leur exploit de la dernière journée de l'édition 2024 et d'aller battre l'Ecosse à Murrayfield. Pire défense du Tournoi, ils ont concédé 29 essais, une première pour eux depuis 2021 (34), et n'ont pas pu capitaliser sur les qualités de leurs jeunes talents, de Tommaso Menoncello à Ange Capuozzo, moins en vue. Avec cinq points seulement, ils terminent loin de leur bilan de 2024 (11 points, deux victoires et un match nul).
Le pays de Galles reste en crise
Ils étaient annoncés comme candidats sérieux à la Cuillère de bois, et ils n'ont pas réussi à déjouer les pronostics. Pour la deuxième année de suite, les Gallois terminent bons derniers, avec cinq défaites en autant de rencontres, et ne se sortent pas de la crise profonde dans laquelle sont plongées l'équipe et la fédération depuis des années. Mal lancés par leur lourde défaite face aux Bleus (43-0) dans le match d'ouverture, les Gallois ont ensuite enchaîné un deuxième revers de rang face aux Italiens pour la première fois de leur histoire (22-15). Un début de compétition très difficile et fatal au sélectionneur Warren Gatland, qui a quitté ses fonctions au retour du déplacement à Rome.
Sous l'impulsion de l'entraîneur principal de Cardiff Matt Sherratt, propulsé aux commandes, le XV du Poireau a un tout petit peu relevé la tête dans le jeu, parvenant à bousculer l'Irlande (défaite 27-18 au final) puis à accrocher le bonus offensif et défensif sur la pelouse de l'Ecosse (35-29). Mais la dernière correction reçue à la maison face à l'Angleterre (68-14) a rappelé le chantier qui se dresse toujours face au rugby gallois.