Roland-Garros 2025 : "D'où je suis partie, c'est le rêve d'une petite enfant qui se réalise"... Carole Monnet, l'attraction française des qualifications
Cette fois, pas de lunettes de vitesse comme au premier tour mais toujours le même poing rageur et le regard déterminé. Tombeuse de Fiona Ferro au deuxième tour (7-5, 6-2), mardi 21 mai, Carole Monnet est la première française du tableau féminin qualifiée pour le troisième et dernier tour des qualifications, qui aura lieu vendredi. Classée 150e mondiale, la Tricolore vient d'accrocher à son tableau de chasse deux anciennes huitièmes de finaliste à Roland-Garros : la Croate Petra Matric (en 2012, 2017 et 2019) au premier tour, et donc Fiona Ferro (2020).
Sur un court Suzanne-Lenglen pas encore plein dans la grisaille matinale parisienne, Carole Monnet a su, pourtant, appréhender cette découverte et une adversaire avec plus d'expérience. "C'est la première fois que je jouais sur le Suzanne-Lenglen, devant autant de monde. J'étais un peu stressée, mais il faut y être pour le vivre. C'est tout simplement fabuleux, fantastique, c'est mon court préféré de tous les Grands Chelems, ça représente énormément pour moi", a-t-elle expliqué.
Née en Ukraine, adoptée par des parents français
Née en 2001 à Boïarka, dans la banlieue de Kiev, elle avait été placée dans un orphelinat de sa naissance jusqu'à ses deux ans. "J'ai été adoptée par une magnifique famille française. Nous sommes venus en France à mes deux ans, et depuis, ma vie est un rêve. Je suis née en Ukraine, j'ai commencé le tennis à huit ans. D'où je suis partie, c'est le rêve d'une petite enfant qui se réalise, c'est juste ça", dévoile-t-elle émue.
A 23 ans, Carole Monnet, qui souhaite faire passer l'image "d'une guerrière, qui rentre dans l'arène pour imposer mes forces sur le court", a vu pourtant son élan brisé début 2025 avec une blessure. "Je commençais à gagner de gros matchs, jusqu'au top 30 mondial. J'étais prête pour me qualifier à l'Open d'Australie et j'ai eu une fracture au niveau du tibia, qui m'a mise à l'arrêt pendant trois mois. Je n'étais pas sûre de pouvoir rejouer cette saison, il y a une course contre la montre pour me remettre sur pied pour Roland", poursuit-elle, soulagée.
Une pause forcée salvatrice pour Carole Monnet, qui a pu couper et relativiser la frénésie du circuit pour cette stakhanoviste du tennis, qui avait joué... 38 tournois en 2024. "Durant ces trois mois d'arrêt, j'ai pris un peu de recul sur la vie de joueuse de tennis. Je me suis aperçue que je ne profitais pas assez des moments, car on est souvent dans une spirale, tout s'accélère, va plus vite, et on a du mal à prendre le temps de profiter, savourer nos victoires", rembobine la joueuse.
Cette pause, ainsi que l'apport d'un public déjà nombreux en qualifications, lui ont donc ouvert les portes du troisième tour face à la Biélorusse Kristina Dmitruk, 221e mondiale, alors qu'elle n'avait jamais passé deux tours de qualification en quatre tentatives depuis 2020.
"Quand j'ai gagné en qualifs, c'était pendant le Covid-19 en 2020. Il y avait deux personnes : mon coach et celui de l'adversaire. C'était assez horrible à vivre, car c'était mon premier Roland-Garros. Maintenant ce que je veux, c'est juste profiter."
Carole Monneten zone mixte après sa victoire face à Fiona Ferro
Pour savourer, elle a même pensé à tout, avec des t-shirts "Monnet Time" pour ceux venus la supporter. "L'an passé, j'ai joué beaucoup en France, à Limoges ou Nantes, pour me faire plus connaître du public français, et j'ai développé une communauté. Et lors de ma blessure, je me suis dit que je pourrais créer des t-shirts "Monnet Time" et leur offrir", sourit l'intéressée.
Elle l'a assuré : au prochain tour, elle en donnera d'autres, mais cela signifierait alors qu'elle rejoindrait le tableau principal après cinq tentatives. "Je n'ai encore jamais passé cette dernière marche en Grand Chelem. Ce serait encore un plus gros rêve qui se réalise car on est France, ce n'est pas n'importe quel Grand Chelem, c'est Roland-Garros, c'est Paris. Ce n'est que du bonus."