REPORTAGE. Roland-Garros 2025 : "Je les préfère presque au tournoi principal"... Plus abordables, les qualifications séduisent de plus en plus

Roland-Garros avant l'heure. Alors que le tournoi principal ne débutera que dimanche, les qualifications ont lancé, lundi 19 mai, la longue semaine qui met aux prises 128 joueurs et 128 joueuses pour délivrer les derniers billets permettant d'intégrer le tableau principal du Grand Chelem parisien.

À parcourir les allées de la Porte d'Auteuil dès 11 heures, difficile pourtant de se dire qu'il s'agit du premier jour de qualifications. Tout est déjà prêt : les vapeurs des stands de restauration se diffusent, des petits orchestres égayent les passants, et une foule déjà dense déambule entre les courts annexes. 

Si "l'Opening Week", nouveau nom de la semaine de qualifications, attire autant, c'est en raison de son prix. A minimum 60 euros la journée durant la quinzaine pour le court Philippe-Chatrier (en "Last Minute") contre moitié moins pour une journée de qualifications, beaucoup ont fait leur choix. "On a très longtemps uniquement pris des places pour le tournoi principal, mais c'est vrai que c'est devenu cher quand même. Donc on fait un an sur deux, et pour le même prix, on peut faire deux ou trois jours en qualifications. En plus, on n'a pas de courts 'interdits'. On peut aller partout. Je crois même qu'on préfère les qualifs désormais !", sourient Jean-Pierre et Monique, venus du Loiret.

Un peu plus distraite, Maureen n'en demeure pas moins satisfaite de débourser aussi peu pour voir autant de joueurs parfois méconnus, mais souvent prometteurs, comme un certain Carlos Alcaraz en 2021 : "J'avais encore raté la date pour les places du tournoi principal. J'ai vu, il y a deux jours, qu'il en restait pour les qualifications. A 15 euros la journée (pour les -25 ans), je n'ai pas trop réfléchi !", se réjouit l'étudiante en Staps de 19 ans.

90 000 spectateurs attendus

Des prix abordables issus d'une volonté de l'organisation, qui a pour objectif de faire "un tournoi sur trois semaines". La recette avait fonctionné en 2024, avec un record de 75 000 personnes sur les cinq jours. "On souhaite rendre ce tournoi le plus accessible possible. Cette Opening Week nous sert énormément dans ce projet-là, avec une nouvelle fois l’envie d’évoluer en augmentant la jauge, avec, on l’espère, 15 000 personnes de plus en 2025", visait Amélie Mauresmo, la directrice du tournoi, quelques semaines avant le lancement.

La Française Fiona Ferro face à la Brésilienne Laura Pigossi lors des qualifications de Roland-Garros, le 19 mai 2025. (THEO GICQUEL / FRANCEINFO:SPORT)
La Française Fiona Ferro face à la Brésilienne Laura Pigossi lors des qualifications de Roland-Garros, le 19 mai 2025. (THEO GICQUEL / FRANCEINFO:SPORT)

Dans l'antichambre du grand tableau, chacun semble y trouver son compte malgré l'absence de stars. Notamment ceux qui suivent les espoirs français, très présents en qualifications. "On suit les jeunes un peu toute l'année, et là c'est l'occasion rêvée de quasiment tous les voir le même jour. Ça permet aussi de découvrir d'autres joueurs qu'on ne voit jamais à la télé. Et en plus, on a des Français qui gagnent, ça change un peu du tableau principal", piquent Antoine et Camille, un couple venu de Normandie.

Les Français déjà portés par l'ambiance

D'autres viennent aussi pour l'ambiance, où les petites tribunes des courts annexes permettent une plus grande proximité avec les joueurs. "On vient tous les ans depuis quatre ans en raison du prix. Franchement on ne voit pas la différence avec le 'vrai' tournoi niveau ambiance sur les courts annexes. On a même converti des amis cette année !", se réjouit Lucas, casquette "RF" sur le crâne, montrant son ami Félix. "Je suis le tennis de loin mais on m'a toujours parlé de l'ambiance de Roland, et je ne peux pas dire que je suis déçu, même si je ne connais aucun joueur !", lâche, en toute honnêteté, son ami.

Carole Monnet, qui a réalisé l'exploit du jour en sortant Petra Martic, quart de finaliste à Roland-Garros en 2019, a pu s'en rendre compte. Derrière son bandana rouge et ses lunettes de vitesse, dans le pur style Arnaud Clément, la Française de 23 ans a été portée par le public et un fan-club sur le court 14, le plus bruyant des terrains, même en qualifications.

Parmi les 16 Français en lice lundi sur les 36 engagés au total, Fiona Ferro, revenue à un niveau intéressant, est passée. La Française a pu profiter de l'ambiance du Suzanne-Lenglen, désormais utilisé en qualifications depuis l'an passé, et déjà survolté (mais pas plein) pour l'emmener au deuxième tour. "C'était exceptionnel, merci d'être venus si nombreux, vous avez été fantastiques. Ça fait plaisir de voir autant de monde en qualifications. J'ai l'opportunité de jouer un autre match avec j'espère des conditions similaires", a soufflé la huitième de finaliste de l'édition 2020, qui avait déjà franchi les qualifications en 2023. Elle affrontera au deuxième tour Carole Monnet, alors que mardi se profile un autre duel franco-français, cette fois chez les hommes, entre Adrian Mannarino et Luca van Assche.