Iran : le géopolitologue Dominique Moïsi se demande si "vu d'Israël, il ne paraît pas plus facile de changer le régime plutôt que de détruire le potentiel nucléaire"

Quatre jours après les premières frappes israéliennes sur l'Iran, "vu d'Israël, on se demande s'il ne paraît pas plus facile, en réalité, de changer le régime plutôt que de détruire le potentiel nucléaire iranien", estime lundi 16 juin sur franceinfo, Dominique Moïsi, géopolitologue et conseiller spécial de l'institut Montaigne. L'armée israélienne mène depuis vendredi une série de frappes sans précédent sur l'Iran avec l'objectif affiché d'empêcher la République islamique d'obtenir la bombe atomique. L'Iran réplique avec des salves de missiles balistiques et de drones.  
 


 
Pour Dominique Moïsi, "les Israéliens s'appuient sur deux réalités, la première étant stratégique, l'Iran n'a jamais été aussi faible à l'extérieur." L'autre réalité, selon lui, étant "interne" : "L'économie est dans un état épouvantable, le régime est profondément impopulaire auprès de sa population". Le conseiller spécial de l'institut Montaigne évoque tout de même un "risque". "Qu'est-ce qu'il va se passer après ? Imaginons que le régime des mollahs tombe, qui va lui succéder ? Est-ce que ce sera un régime libéral, démocratique ? C'est quand même une grande illusion, il y a un risque que le chaos succède aux mollahs", s'interroge-t-il.  
 

"Si le régime veut survivre, il faut renoncer à l'arme atomique" 


Dominique Moïsi estime que ce qui est en jeu en Iran, "ce n'est pas le pays, mais c'est le régime. C'est l'idée que le régime ne peut pas survivre à une défaite absolue. (...) Aujourd'hui, ce que les Américains et peut-être les Israéliens sont en train de dire aux Iraniens, c'est que si le régime veut survivre, il faut renoncer à l'arme atomique."  
 

Néanmoins, Dominique Moïsi "distingue deux choses" : l'intervention israélienne à Gaza et les frappes sur l'Iran. "Sur la question de Gaza, Israël est totalement isolé de la communauté internationale qui ne comprend pas cette riposte disproportionnée et inhumaine. Sur la question de l'Iran, non seulement Israël n'est pas isolé mais vous avez même le président de la République, en France, qui laisse entendre que notre pays pourrait être aux côtés d'Israël." Dominique Moïsi évoque deux questions qui sont "dissociées l'une de l'autre".  

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