Euro 2025 : que valent réellement les Françaises, redescendues au 10e rang Fifa, avant leurs débuts dans la compétition ?

Pourquoi l'équipe de France ne gagne-t-elle jamais de titre malgré tant de talents ? C'est pour éviter d'entendre une nouvelle fois cette question, véritable marronier des observateurs étrangers à chaque compétition, que Laurent Bonadei a décidé de tout changer. Après sept éliminations en quarts de finale des huit derniers grands tournois, les Bleues espèrent cette fois briller en Suisse pour l'Euro, qu'elles débutent contre l'Angleterre, tenante du titre, au Letzigrund de Zurich, samedi 5 juillet (21 heures).

C'est donc sans Wendie Renard, Eugénie Le Sommer et Kenza Dali, écartées par le sélectionneur de 55 ans avant le dernier rassemblement en mai, que la sélection se présente face aux redoutables Lionesses. "Le groupe a été remanié à peu près d'un tiers : ce vent de fraîcheur peut apporter un plus, a détaillé à l'AFP le coach des Tricolores, arrivées samedi dernier à leur camp de base de Heiden, près du Lac de Constance. Je me suis dit qu'il était temps d'opérer cette transition, je me devais de penser à l'instant présent et à l'avenir, pour que cette équipe puisse progresser".

Six joueuses vont donc disputer leur première grande compétition internationale (les défenseures Alice Sombath, Thiniba Samoura, Lou Bogaert et Melwenn N'Dongala, ainsi que la milieu Oriane Jean-François et l'attaquante Kelly Gago). En comparaison, il n'y en avait aucune dans ce cas aux Jeux olympiques l'an dernier, où la sortie de la France aux portes du dernier carré contre le Brésil (0-1) l'a fait plonger au classement Fifa pour pointer 10e aujourd'hui. Il y a donc de réelles inconnues sur la capacité de ce groupe à s'illustrer à un tel niveau, d'autant plus que la nouvelle capitaine, Griedge Mbock, est incertaine contre l'Angleterre en charnière en raison d'une douleur au mollet.

Vraie dynamique ou léger trompe-l'œil ?

Souvent décrites comme trop scolaires pour faire vaciller le gratin mondial, les Bleues débarquent néanmoins avec une confiance boostée par huit victoires en autant de matchs en 2025. Surtout, les partenaires de Selma Bacha, Sakina Karchaoui et Sandy Baltimore ont prouvé qu'elles pouvaient gagner dans diverses situations : au forceps contre la Norvège (actuelle 16e du classement mondial) en Ligue des nations en février (1-0), en se montrant irrésistibles avec leur pressing et un jeu de possession offensif contre la Belgique (5-0), qui occupe le 20e rang à la Fifa, ou bien au mental en renversant le Brésil (4e meilleure équipe du monde) pour conclure la préparation fin juin (3-2).

"Je trouve que les joueuses affichent un très bon état d'esprit. (...) On est là pour veiller à ne pas s'enflammer et garder une bonne dynamique, rassurait Laurent Bonadei après la manita infligée aux Red Flames, le 20 juin au retour d'un stage physique sur la côte basque. La confiance, c'est bon pour déployer notre jeu. L'excès de confiance, c'est le piège qui nous attend. Je crois que les filles sont conscientes qu'elles ont du potentiel." Reste qu'il faudra attester que cette belle passe n'était pas un trompe-l'œil face à des adversaires bien plus faibles.

Malgré une belle réaction contre la Seleçao vendredi dernier à Grenoble, on a tout de même vu des Françaises bousculées, coupables de trop de pertes de balles au milieu et inquiétantes défensivement en première période. "On a montré notre force de caractère. (...) Il faut monter le curseur de l'intensité et être là dès l'entame du match. On va retrouver ce genre de pressing et d'agressivité à l'Euro, contre l'Angleterre notamment. On avait besoin d'être mises en difficulté, on est prêtes", a jugé Grace Geyoro, après ses deux buts, dans des propos relayés par L'Equipe. Ce soir-là, la néo-Lyonnaise Marie Antoinette-Katoto a donné la victoire en mettant fin à une série de cinq matchs sans marquer. 

Vu leur parcours, les Bleues ne pourront pas se cacher

Ce premier rendez-vous contre l'Angleterre donnera à coup sûr une indication sur les attentes à avoir pour ces Bleues. D'ailleurs, les Lionesses sont dans le doute avec des résultats fluctuants depuis la finale de Coupe du monde 2023 perdue contre l'Espagne, en témoigne la non-qualification de Team GB aux JO de Paris, ou encore leur récente campagne de Ligue des nations ponctuée par un nul au Portugal (1-1) et une défaite en Belgique (2-3). Il leur manque également plusieurs cadres : outre l'attaquante Fran Kirby, la gardienne du PSG Mary Earps a mis fin à sa carrière internationale en juin et la capitaine Millie Bright s'est mise en retrait en raison d'une fatigue mentale et physique.

Mais l'équipe de Sarina Wiegman reste un cador avec ses stars, dont la buteuse Alessia Russo, vainqueure de la Ligue des champions avec Arsenal. En cas de défaite, la France, cinquième meilleure équipe européenne au classement Fifa (derrière l'Espagne, l'Allemagne, l'Angleterre et la Suède), se retrouverait déjà dos au mur avant d'enchaîner contre le pays de Galles, novice à l'Euro, le 9 juillet, puis les Pays-Bas, sacrés en 2017, le 13 juillet, dans un groupe D très dense. Même si tout se passe comme prévu, la suite de la compétition ne serait pas plus simple pour les Tricolores, potentiellement opposées à l'Allemagne ou la Suède en quarts de finale.

En attendant, mieux vaut voir un motif d'espoir dans un souvenir pas si lointain pour samedi. L'ex-adjoint Laurent Bonadei, qui estime ses protégées en "outsiders" cet été, connaît la recette contre les Anglaises : il avait remplacé Hervé Renard, suspendu fin mai 2024, pour diriger son premier match avec la sélection à l'occasion d'une victoire des Bleues à Newcastle (2-1).