Les démocraties occidentales, qui mettent en avant leur pragmatisme, ont souvent du mal à comprendre que l’idéologie puisse être un moteur essentiel des politiques menées par les autocraties et les dictatures. Ce décalage fut à l’origine de la sous-estimation par l’Europe et les États-Unis de la force et de l’audace des ambitions impériales de Vladimir Poutine. Il explique aussi pourquoi les dirigeants occidentaux ont longtemps considéré que la relation entre la Chine et la Russie était si fragile et si déséquilibrée qu’elle ne pourrait durer.
La guerre en Ukraine a, au contraire, renforcé le partenariat entre les deux anciens géants communistes de la guerre froide. Elle a jeté la Russie dans les bras de la Chine et elle a tissé entre Pékin et Moscou un lien qui forme l’un des cœurs de la géopolitique actuelle.
La Russie s’est tournée vers la Chine dès 2014, lorsque l’annexion de la Crimée et la déstabilisation du Donbass ont provoqué des tensions avec les Occidentaux, qui ont pris les premières…