Évacuation de la Gaîté lyrique : les salariés souhaitent rouvrir le bâtiment au plus tôt mais dénoncent le retour des jeunes migrants à la rue
Les salariés de la Gaîté lyrique sont "déterminés" à rouvrir le lieu et à reprendre les événements culturels, a annoncé mercredi 19 mars la directrice du centre, déplorant par ailleurs que les 450 jeunes migrants qui occupaient les lieux depuis plus de trois mois soient "retournés à la rue".
"On est tristes, mais on est aussi déterminés à rouvrir ce bâtiment, à reprendre le projet avec une mission d'intérêt général à la fois culturelle et sociale" et à "retrouver le public très vite", a déclaré Juliette Donadieu à l'AFP, précisant qu'elle et ses équipes n'avaient pas encore repris possession du lieu.
Pas de dégradations majeures à l'intérieur
Elle a toutefois pu rentrer le 18 mars dans le bâtiment après son évacuation pour inspecter les lieux, "abîmés par une suroccupation" mais qui n'ont pas subi de "dégradation ou de destruction majeure", a-t-elle indiqué. Les salariés ont aussi exprimé leur "tristesse" de voir les adolescents retourner "à la rue" après l'évacuation : tout au long des trois mois d'occupation du bâtiment, ils avaient insisté pour que les jeunes ne soient pas expulsés sans être mis à l'abri, poursuit la directrice.
Une réunion avec les salariés du centre culturel situé dans le 3e arrondissement de Paris doit avoir lieu jeudi "pour pouvoir échanger et travailler ensemble à des scénarios de réouverture du lieu" et "à une nouvelle programmation dans les semaines à venir", a-t-elle précisé.
Devant le bâtiment fermé, évacué dans la tension mardi 18 mars au matin par les forces de l'ordre, des bénévoles ont chargé le lendemain, en fin d'après-midi, les dernières couvertures laissées par les jeunes dans un camion. Un véhicule de police stationnait encore devant le bâtiment et des rubans en plastique en barraient l'accès.
L'État et la mairie de Paris mis en cause
La Gaîté lyrique était occupée depuis le 10 décembre par près de 450 jeunes migrants venus notamment d'Afrique subsaharienne, demandant à être hébergés et affirmant être des mineurs devant être reconnus comme tels. Une minorité que contestent la mairie de Paris et la préfecture de région.
"Alors que Paris se présente comme une ville refuge, elle a choisi de ne rien proposer aux jeunes souvent mineurs ou en recours comme mise à l'abri dans un lieu plus adapté", ont dénoncé les élus écologistes de Paris dans un communiqué. Ils estiment que l'État, par la voix de la ministre de la Culture Rachida Dati, refuse de prendre ses responsabilités et abandonne ces jeunes. "Mais Paris n'a pas à se rendre complice de cette inhumanité", ont-ils ajouté.
Quel sort pour les migrants évacués ?
"Plus de vingt jeunes migrants ayant occupé la Gaîté lyrique font l'objet d'obligation de quitter le territoire (OQTF)", a affirmé le Collectif des jeunes du parc de Belleville jeudi. "La police a modifié l'âge des jeunes pour les placer sous OQTF", a déploré lors d'une conférence de presse le délégué du collectif, Fouss. "Mais nos avocats ont confirmé qu'on pourrait faire des recours" pour contester la décision, a-t-il ajouté.
Ce chiffre n'a pu dans l'immédiat être confirmé par la préfecture. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, avait indiqué, mardi, avoir proposé un hébergement d'urgence aux migrants. Selon lui, "la plupart ont refusé les solutions de prise en charge qui étaient proposées" et seules six personnes ont accepté une solution d'hébergement.