Super Bowl 2025 : la venue de Donald Trump, une revanche après des années de relations tumultueuses avec la NFL

Une présence dans les tribunes du Caesar’s Superdome de la Nouvelle-Orléans (Louisiane), qui risque d’éclipser celle de Taylor Swift. Alors que la chanteuse star avait soutenu la candidate démocrate Kamala Harris lors de l’élection présidentielle américaine, et viendra encourager son petit ami Travis Kelce (Kansas City Chiefs), elle pourrait croiser Donald Trump, dimanche 9 février, lors du Super Bowl. Après avoir entretenu des relations tumultueuses avec la Ligue nationale de football américain (NFL), le président des Etats-Unis va prendre place dans les tribunes de l'un des événements les plus regardés de la planète.

Un procès contre la NFL, un sport qualifié de "mou", des joueurs insultés… Et pourtant, Donald Trump s’invite au Superbowl, une première pour un président américain en exercice. Jusqu’alors, il était de tradition que le chef d’Etat enregistre un message diffusé avant la grande finale, mais le Républicain sera présent en chair et en os dimanche, voulant se montrer proche du peuple. Sa venue "est aussi une démonstration de force alors qu’il semble vouloir solder les comptes des affronts passés", explique Simon Chadwick, professeur d’économie et de géopolitique du sport à France 24

Il s'en était pris violemment à Colin Kaepernick

Le désamour entre Trump et la NFL remonte à quelques décennies. En 1984, le milliardaire s’offre le club des New Jersey Generals, qui évolue dans l’autre ligue de football américain de l’époque, l’USFL. Deux ans plus tard, il pousse la NFL, qu’il accuse de monopole, en justice. Et gagne le procès. Mais l’amende infligée à la NFL n’est que symbolique (trois dollars), et l’USFL disparaîtra pour de bon en 1986. Vingt ans plus tard, en 2016, le football américain devient l’un des sports pionniers du mouvement "Black Lives Matter", via le quarterback des 49ers de San Francisco, Colin Kaepernick, qui s’agenouille pendant l’hymne américain pour dénoncer les attaques racistes aux Etats-Unis. 

Donald Trump s’emporte alors à l’encontre du joueur. "Sortez-moi ce fils de p*** du terrain, il est viré ! Viré !" déclarait alors le candidat à la Maison Blanche, en référence à son émission télé "The Apprentice". Le quarterback est un temps ostracisé et tenu à l’écart des terrains par la NFL, mais la ligue fera finalement son mea culpa en lançant plusieurs initiatives contre le racisme. En soutien à Kaepernick, les joueurs des Philadelphia Eagles, qui affrontent les Kansas City Chiefs dimanche soir, avaient aussi refusé de se rendre à la Maison Blanche après leur titre en 2017. Humiliation pour Donald Trump.

Les propriétaires de franchise soutiennent Trump

Pour autant, les milliardaires propriétaires de franchises NFL sont toujours restés des soutiens précieux pour Donald Trump. Entre l’élection de 2020 et celle de 2024, 82% de leurs dons politiques sont allés vers le parti républicain (environ 19 millions de dollars sur les 23 millions de dons vers des partis politiques), selon des chiffres du Guardian. "Il y a fort à parier qu’une bonne partie des milliardaires détenant des clubs s’arrangeront très bien de la présidence Trump et en tireront avantage, assure Jean-Baptiste Guégan, spécialiste en géopolitique du sport. On verra probablement beaucoup plus de sportifs américains lui montrer leur soutien sur ce deuxième mandat"

Malgré un soutien public de sa compagne Taylor Swift pour Kamala Harris, Travis Kelce s’est lui réjoui que Donald Trump soit présent dimanche : "C’est un grand honneur, quel que soit le président. Je suis excité parce que c’est le plus grand match de ma vie et que le président sera là". Légende vivante du football américain, son coéquipier Patrick Mahomes est sur la même longueur d’onde : "C’est cool de pouvoir jouer devant un président en exercice, quelqu’un qui est au sommet de notre pays. C’est cool d’entendre qu’il m’a vu jouer au football et qu’il respecte le jeu que je pratique"

Le patron de la NFL, Roger Goodell, ménage, lui, la chèvre et le chou. Si le message "End racism" (Mettons fin au racisme), affiché dans la zone de but ces dernières années, va disparaître, Goodell a tout de même annoncé qu’il n’avait pas l’intention de réduire les programmes en faveur de la diversité dans le football américain, et ce, contre l’avis de Donald Trump.