À Chicago, faute de budget, Donald Trump reporte finalement sa chasse aux sans-papiers
Piège ou réalité ? Depuis plusieurs semaines maintenant, les migrants sans papiers des États-Unis étaient sur le qui-vive, souvent alertés par des organisations de défense des droits humains. Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les mesures anti-migrants allaient se multiplier, comme le nouveau président l’avait annoncé.
À Chicago, ville de toutes les mobilisations historiques et particulièrement visée par ces mesures, l’alerte était donnée. Plus d’une soixantaine d’organisations appelaient à un rassemblement, le lundi 20 janvier. Dans la « ville venteuse », comme on l’appelle.
Les expulsions massives, priorité absolue de Trump
L’agence Associated Press a rencontré le révérend Homero Sanchez. Celui-ci a expliqué qu’il n’avait pas réalisé l’ampleur de la peur dans la communauté d’immigrants de Chicago qu’il sert, jusqu’à ce que quelqu’un lui demande de gérer la vente de la maison de leur famille et d’autres finances s’ils étaient embarqués cette semaine.
Le samedi 18 janvier, Trump répétait que les expulsions massives étaient une priorité absolue. « Nous devons faire sortir les criminels de notre pays », assénait-il sur NBC News. Dans sa ligne de mire, outre Chicago, les villes de New York, Washington DC ou Los Angeles, dirigées par les démocrates.
Pourtant, l’administration a décidé de surseoir à cette « chasse aux migrants ». Provisoirement bien sûr. Dans une interview accordée dimanche 19 janvier, au Washington Post, Tom Homan, le « tsar des frontières » de Trump, a déclaré que l’administration reconsidérait les détails des raids de Chicago parce que des informations avaient été « divulguées aux médias ».
Le même Homan, en visite dans la ville au mois de décembre, prévenait en évoquant ces raids : « Nous allons commencer ici même, à Chicago, dans l’Illinois. Si votre maire ne veut pas nous aider, il peut se retirer. » Il allait même plus loin et menaçait. « Mais s’il nous gêne – s’il héberge ou cache sciemment un immigré illégal – je le poursuivrai en justice. »
Chicago ville sanctuaire
Le plan en question prévoyait que les agents des services de l’immigration et du contrôle des douanes (Immigration and Customs Enforcement, ICE) multiplient les arrestations d’immigrants sans papiers dans cette ville sanctuaire, c’est-à-dire qui applique une politique de protection des immigrés en situation irrégulière ou de neutralité à l’égard de ce statut.
C’est peut-être ce qui a fait réfléchir le « tsar des frontières ». Moins d’une semaine avant l’investiture de Donald Trump, le conseil municipal de Chicago a manifesté, mercredi, son opposition à la campagne de déportations massives, en refusant, par 39 voix contre 11, une mesure proposée par l’opposition qui aurait affaibli les protections de la ville pour les immigrants sans papiers, et a renouvelé l’interdiction faite aux policiers de Chicago de collaborer avec les autorités fédérales de l’immigration.
Le maire démocrate, Brandon Johnson, s’est publiquement prononcé contre la mesure, évoquant l’Illinois Trust Act, adopté par cet État en 2017, pour encourager une plus grande confiance entre les communautés d’immigrants et les services chargés du respect de la loi. Selon la chaîne NBC, « l’ICE souffre actuellement d’un déficit budgétaire de 230 millions de dollars et ne dispose pas des fonds nécessaires pour mettre en œuvre les plans de Trump à grande échelle et sur une longue période ».
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