EN IMAGES. Les frappes israéliennes sur la ville de Gaza poussent des centaines de milliers de Palestiniens à fuir vers le sud

Le long du littoral, la route Al-Rashid est désormais submergée par des flots de déplacés. Des centaines de milliers de personnes sont contraintes de prendre la fuite en toute hâte, en raison des frappes intensives de l'armée israélienne et de l'incursion terrestre de ses soldats, lancée mardi 16 septembre. Ce mouvement de population est d'ores et déjà l'un des plus massifs depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza. L'Etat hébreu multiplie les ordres d'évacuation dans le but de vider la ville, alors que la population dans le gouvernorat était encore estimée à environ un million d'habitants à la fin du mois d'août. Les Palestiniens ont reçu pour obligation d'emprunter la longue route côtière afin d'évacuer vers le sud de l'enclave.

Un panache de fumée dans le ciel de la ville de Gaza, après une frappe israélienne conduite le 16 septembre 2025. (ALI JADALLAH / ANADOLU / AFP)
Un panache de fumée dans le ciel de la ville de Gaza, après une frappe israélienne conduite le 16 septembre 2025. (ALI JADALLAH / ANADOLU / AFP)

"Gaza brûle", a écrit Israël Katz, le ministre de la Défense israélien, mardi, lors du lancement de la nouvelle phase de l'opération intitulée "Chariots de Gédéon II". L'armée israélienne cherche à vaincre le Hamas dans un de ses derniers grands bastions dans la bande de Gaza, estimant que "2 000 à 3 000" combattants opèrent dans ce secteur dévasté en grande partie par les bombardements. Les troupes israéliennes, selon un responsable militaire, avancent "vers le centre" de la ville, très densément peuplé. De nouvelles frappes avaient été lancées avant l'incursion, dans plusieurs quartiers de Gaza, afin de préparer l'opération terrestre. La défense civile gazaouie a dénombré des dizaines de morts, notamment dans le quartier d'Al-Shifa.

Contenu sensible
Des civils ont été tués et d'autres ont été blessés lors des frappes préparatoires de l'armée israélienne sur la ville de Gaza, selon les hôpitaux de Gaza et la défense civile palestinienne. (SAEED M. M. T. JARAS / AFP)
Des civils ont été tués et d'autres ont été blessés lors des frappes préparatoires de l'armée israélienne sur la ville de Gaza, selon les hôpitaux de Gaza et la défense civile palestinienne. (SAEED M. M. T. JARAS / AFP)
Des habitants de Gaza déplacés par les frappes israéliennes rassemblés le 16 septembre 2025 devant l'hôpital Al-Quds. (OMAR ASHTAWY APAIMAGES / SIPA)
Des habitants de Gaza déplacés par les frappes israéliennes rassemblés le 16 septembre 2025 devant l'hôpital Al-Quds. (OMAR ASHTAWY APAIMAGES / SIPA)

Ces derniers jours, et avant même la nouvelle phase de l'offensive militaire, des journalistes de l'AFP avaient observé un nouvel exode de Gaza-ville vers le sud de l'enclave palestinienne. La semaine passée, des avions militaires avaient notamment largué des tracts pour ordonner l'évacuation. L'armée israélienne assure ainsi que "plus de 350 000" personnes ont déjà fui tandis que l'Unicef en a recensé seulement 150 000. Les habitants se déplacent aussi "à l'intérieur et autour" de Gaza-ville, précise d'ailleurs l'équipe le Fonds des Nations unies pour l'enfance. Quoi qu'il en soit, l'intensification des frappes et le déploiement de troupes au sol devraient encore grossir le nombre de déplacés.

Des habitants de la ville de Gaza prennent la route dans la nuit du 15 au 16 septembre 2025, afin de fuir l'intensification des frappes israéliennes. (AHMED JIHAD IBRAHIM AL-ARINI / AFP)
Des habitants de la ville de Gaza prennent la route dans la nuit du 15 au 16 septembre 2025, afin de fuir l'intensification des frappes israéliennes. (AHMED JIHAD IBRAHIM AL-ARINI / AFP)
Des Palestiniens contraints de fuir la ville de Gaza en empruntant la route côtière Al-Rashid, le 16 septembre 2025. (AFP)
Des Palestiniens contraints de fuir la ville de Gaza en empruntant la route côtière Al-Rashid, le 16 septembre 2025. (AFP)

Certains habitants affirment toutefois qu'ils préfèrent rester sur place, plutôt que d'être encore déplacés. "Nous sommes désespérés", explique Oum Ahmed Younès, une habitante de 44 ans, à l'AFP. Elle évoque l'impossibilité de trouver l'argent pour payer des frais de transports faramineux. "Cela coûte moins cher de mourir."

Quand les déplacés arrivent à distance raisonnable de la ville de Gaza, à bord de tracteurs, charrettes ou camionnettes surchargées, parfois même à pied, la route côtière est souvent longée de camps de fortune. Ce qui les contraint à pousser encore leur route avant de trouver un endroit où s'établir.

L'armée israélienne multiplie les ordres d'évacuation à l'attention de la population de Gaza. (AFP)
L'armée israélienne multiplie les ordres d'évacuation à l'attention de la population de Gaza. (AFP)
Certains déplacés disposent de véhicules auxquels ils tentent d'arrimer des attelages rudimentaires, mais la plupart sont à pied. (HASSAN AL-JADI / MAXPPP)
Certains déplacés disposent de véhicules auxquels ils tentent d'arrimer des attelages rudimentaires, mais la plupart sont à pied. (HASSAN AL-JADI / MAXPPP)

L'armée israélienne a annoncé mercredi l'ouverture temporaire d'un nouvel axe vers le sud de la bande de Gaza, afin d'accélérer l'évacuation des habitants. Ces derniers peuvent désormais emprunter la route Salah Al-Din, qui coupe la bande de Gaza en son milieu du nord au sud, parallèlement à la côte méditerranéenne. Mais cet itinéraire "sera ouvert pendant quarante-huit heures seulement", a averti un porte-parole de l'armée israélienne.

"Nous ne supportons plus ce qui nous arrive", a témoigné Fatima Lubbad, 36 ans, jointe au téléphone par l'AFP. "C'est comme vivre le Jugement dernier ou en enfer, mais même l'enfer serait plus clément car il n'y a pas d'enfants là-bas." Mère de quatre enfants, elle explique avoir fui Gaza-ville la veille et dû dormir "dans la rue au bord de la mer à Deir Al-Balah", à plus d'une dizaine de kilomètres au sud, distance qu'elle dit avoir couverte essentiellement à pied. "J'ai pleuré toute la nuit en regardant mes enfants dormir par terre", ajoute-t-elle, évoquant "une humiliation et une détresse indescriptibles".

La plupart des déplacés sont contraints de marcher pendant de longs kilomètres, avec simplement quelques affaires. (ABDEL KAREEM HANA / SIPA)
La plupart des déplacés sont contraints de marcher pendant de longs kilomètres, avec simplement quelques affaires. (ABDEL KAREEM HANA / SIPA)
Les civils déplacés tentent de survivre dans des tentes installées dans les endroits encore vacants du littoral, comme ici dans le secteur de Deir Al-Balah, le 16 septembre 2025. (AHMED JIHAD IBRAHIM AL-ARINI / AFP)
Les civils déplacés tentent de survivre dans des tentes installées dans les endroits encore vacants du littoral, comme ici dans le secteur de Deir Al-Balah, le 16 septembre 2025. (AHMED JIHAD IBRAHIM AL-ARINI / AFP)

L'armée israélienne, pour sa part, appelle les déplacés à se rendre dans le secteur d'Al-Mawasi, dans l'extrême sud de l'enclave palestinienne. Elle affirme que les Gazaouis y trouveront de la nourriture, des tentes et des médicaments dans une zone qualifiée d'"humanitaire". Mais selon le porte-parole de la défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, il n'y a pas plus "d'abri ou d'espace pour installer des tentes" à cet endroit qu'ailleurs dans l'enclave. Presque toute la population a déjà été déplacée au moins une fois depuis le début de la guerre il y a deux ans.