Liban : le Conseil de sécurité de l’ONU décide le retrait des casques bleus en 2027, poussé par Israël et les États-Unis
Alors que quelque 10 800 Casques bleus sont déployés depuis mars 1978 dans le sud du Liban, à partir du 1er janvier 2027, seule l’armée libanaise y assurera la sécurité.
Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) a décidé, jeudi 28 août, de « prolonger pour une dernière fois le mandat » de la Force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) jusqu’au 31 décembre 2026, suivi « d’une réduction » et d’un « retrait ordonnés et sûrs à partir du 31 décembre 2026 et dans un délai d’un an », indique la résolution adoptée à l’unanimité.
Le renouvellement habituel du mandat des Casques Bleus, qui expire, dimanche 30 août, se heurtait cette année à l’hostilité d’Israël et des États-Unis qui souhaitaient leur départ. Les deux pays se sont donc empressés de saluer la nouvelle. « L’environnement sécuritaire au Liban est radicalement différent de celui d’il y a un an, ce qui crée un espace pour que [ce pays] assume une plus grande responsabilité », a déclaré l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Dorothy Shea.
« Pour une fois, nous avons une bonne nouvelle de l’ONU », a déclaré, de son côté, Danny Danon, l’ambassadeur israélien à l’ONU, dans un message vidéo, accusant la Finul d’avoir échoué à empêcher le Hezbollah de « prendre le contrôle de la région ».
Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam salue la décision
La France, l’Italie et le Royaume-Uni, eux, se battaient, au contraire, pour maintenir la Finul le plus longtemps possible, rapporte le correspondant de la chaîne RFI à Beyrouth. « Paris a finalement proposé ce calendrier de départ de la Finul dans 16 mois, en espérant que cela donnera du temps à l’armée libanaise pour reprendre le contrôle de la zone », explique-t-il. Le président français, Emmanuel Macron a salué l’extension de 16 mois, en insistant sur l’importance d’un « retrait complet des forces israéliennes du Sud Liban et la fin de toute violation de la souveraineté libanaise (qui) sont des conditions essentielles à la mise en œuvre de ce plan ».
De son côté, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué jeudi la décision du Conseil de sécurité des Nations unies de prolonger jusqu’à fin 2026 le mandat de la force de maintien de la paix de l’ONU au Liban. Il a remercié la France, à l’origine de cette proposition, ainsi que « tous les États amis » membres du Conseil de sécurité « qui ont fait preuve de compréhension à l’égard des préoccupations du Liban », a-t-il indiqué.
Le retrait fin 2026 des Casques Bleus a été annoncé alors que le même jour, l’armée libanaise a déclaré qu’un officier et un soldat ont été tués, jeudi 28 août, dans l’explosion d’un drone israélien qui s’est écrasé dans le sud du pays, près de la frontière avec Israël. « Alors que des militaires inspectaient un drone ennemi israélien après sa chute dans la région de Naqura, celui-ci a explosé, causant la mort d’un officier et d’un soldat et blessant deux autres militaires », a déclaré l’armée dans un communiqué.
Amnesty demande « une enquête pour crimes de guerre »
De plus, ce vote intervient au moment où Beyrouth s’est engagé à désarmer et à démanteler le mouvement chiite pro-iranien Hezbollah, d’ici la fin de l’année, sous pression de Washington et dans le cadre de l’application du cessez-le-feu annoncé le 27 novembre 2024. Cet accord prévoit que seules l’armée libanaise et la Finul soient déployées dans le sud du pays, à la frontière avec Israël. Le Hezbollah et l’armée israélienne y sont exclus.
Mais l’armée de Benyamin Netanyahou a délibérément maintenu ses forces dans les secteurs frontaliers stratégiques. D’ailleurs, presque un an après l’invasion du sud du Liban par l’armée israélienne, Amnesty International a publié, mardi 26 août, un rapport dans lequel l’ONG affirme que « la destruction massive et délibérée de biens civils et de terres agricoles par l’armée israélienne dans le sud du Liban doit faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre ».
L’ONG analyse une période allant du 1er octobre 2024, début de l’attaque d’Israël, à janvier 2025, via 77 vidéos et photographies, ainsi que d’images satellites par l’ONG. « Plus de 10 000 structures ont été fortement endommagées ou détruites durant cette période » constate le rapport.
Parmi elles, principalement « des maisons, des mosquées, des cimetières, des routes, des parcs et des terrains de football situés dans 24 agglomérations », précise le compte rendu qui résume : « Les forces israéliennes ont utilisé des explosifs posés manuellement et des bulldozers pour détruire des structures civiles. »
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