REPORTAGE. Entraînement des réservistes, fermeture des postes-frontières, site internet "de crise" : comment la Finlande se prépare face à la menace du voisin russe
Depuis l'invasion de l'Ukraine, la Finlande, qui partage 1 340 kilomètres de frontières avec la Russie, se méfie de son voisin et a décidé de fermer tous ses postes-frontières à la fin de l'année 2023, depuis que Moscou a envoyé à la frontière russo-finlandaise des centaines de migrants pour déstabiliser le pays.
Dans le sud-est de la Finlande, en Carélie, à trois heures de route d'Helsinki, les habitants doivent gérer la cohabitation avec cette Russie, devenue peu fréquentable.
Entraînement trois fois par semaine
Les armes sont entreposées dans un coffre, dans ce club de tir de Lappeenranta, la capitale régionale. Panu, 53 ans, les sort une à une. Le 338 Magnum, un fusil de sniper, un Smith et Wesson, le 9 mm utilisé par la police… Panu s'entraîne ici trois fois par semaine. Il est l'un des 870 000 réservistes mobilisables en cas de conflit. "Ce qui se passe, c'est très triste, mais que peut-on faire à part se préparer ? Les Russes ne mettront pas un pied ici. S'ils essaient, on les arrêtera. On connaît le terrain, c'est ici qu'on s'entraîne."
"Ce sont des forêts, des marais, pas comme en Ukraine où c'est à découvert. Donc pour l'adversaire, c'est compliqué de s'aventurer ici".
Panuà franceinfo
La Russie est à un kilomètre de la maison de Jonni, 41 ans, construite au milieu de la forêt de pins. Le poste-frontière est fermé depuis décembre 2023. Recouverts de neige, les panneaux jaune et rouge rappellent que l'accès à la zone est interdit. "J'ai vu des gardes-frontières arrêter des voitures ou des personnes suspectes. Cette clôture de trois mètres de hauteur que vous voyez a été construite l'automne dernier pour empêcher les clandestins de passer en Finlande. Les arbres, derrière le lac, c'est la Russie. Depuis que la Finlande a rejoint l'Otan, je me sens mieux protégé, ça a été une bonne décision. La Finlande est un petit pays et la Russie dispose de beaucoup plus de soldats, donc c'est mieux d'être membre d'une alliance qui a plus d'équipements et de soldats."
Conseils de survie
La Suède a distribué à la population un guide de survie de 32 pages qui rappelle les comportements à adopter en cas de crise majeure. Les autorités finlandaises, elles, ont lancé un site internet, explique Matias Hilden, le maire d'Imatra, 25 000 habitants, à dix minutes de la frontière. "Cela indique comment réagir dans les 72 premières heures, en cas de problèmes d'approvisionnement en eau ou en électricité. Il est recommandé aussi d'avoir de la nourriture pour tenir trois jours et des batteries pour pouvoir écouter la radio, ce qui est très important dans ces circonstances".
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Quelques mois après l'invasion de l'Ukraine, la Finlande a rejoint l'Otan, mais cela ne suffit pas à rassurer Pirkko, 70 ans, qui gratte la neige dans l'allée de sa maison. "On n'est pas un grand pays et, deux fois, la Finlande a été en guerre contre la Russie. En qui pouvons-nous avoir confiance désormais ? La Russie, certainement pas. Et en ce moment, on ne peut plus se reposer non plus sur les Etats-Unis et Trump, c'est terrible."
"Il faut vraiment que l'on se serre les coudes dans l'Union européenne. On a besoin les uns des autres, sinon nous sommes très faibles".
Pirkkoà franceinfo
La Finlande a annoncé la construction d'une base de l'Otan, à Mikkeli, à 150 km de la frontière russe, comme pour signifier à Moscou qu'elle est certes un petit pays de 5 millions et demi d'habitants, mais qu'elle est avant tout un membre à part entière de l'Alliance transatlantique.